Petit Aviateur
Petit aviateur
Un poème de Pug à la mémoire d’Isidore Szmidt, jeune passionné d’aviation, mort à Auschwitz le 6 novembre 1942 à l’âge de 12 ans.
Tu étais bien beau dans ta tenue bleue Louise aux boutons dorés,
Avec fierté, et même orgueil, tu portais les ailes d’or sur le cœur.
Dans tes songes, te promenais-tu dans le ciel d’azur et ses nuées,
Et rêvais-tu de longs vols d’aigle sous le chaud soleil, petit aviateur ?
Tu as grandi près des pistes ou les oiseaux de fer prenaient leur envol.
Tes yeux en extase admiraient les évolutions de ces aériens chasseurs,
Guerriers de l’air et du vent, comme des rapaces avides de chaque vol.
Dans ton cœur et de ton âge, tu leur ressemblais déjà, petit aviateur.
T’es-tu passionné pour les vols et les exploits de la Ligne et de Mermoz ?
Rêvant de vols héroïques sur l’océan, sans craindre le froid et les heures ?
Te sentais-tu, toi aussi, avec l’immensité bleue du ciel, en parfaite osmose,
Et te promettais-tu d’être l’un des glorieux chevaliers du ciel, petit aviateur ?
Las, nous n’avons pas su assez t’aimer et te protéger, malgré toute notre ardeur
Tu étais un fils d’Israël et les loups ne voulaient pour les tiens et toi que l’horreur
Si tu savais pourtant combien nous avons combattu les vautours avec honneur !
Mais cela n’a pas suffi et ils t’ont emmené vers l’Est pour y mourir, petit aviateur…
Aujourd’hui, au souvenir de toi, nous ravalons la colère et la rage de nos pleurs,
Et nous montons dans nos avions dont la vitesse te ferait frissonner de bonheur
Je dois te dire qu’une question sans réponse me vient toujours en allumant le moteur
De la nuée étincelante où tu voles pour toujours, peux-tu nous pardonner, petit aviateur ?