La ménorah de l’Arc de Titus en couleurs
L’Arc de Titus, à Rome, est l’un des plus célèbres monuments des ruines de la Rome Antique. Érigée vers 81 après JC par l’Empereur Domitien, il célèbre la victoire de son frère et prédécesseur Titus lorsque celui-ci commandait les légions romaines lors de la 1ère guerre judéo-romaine de 66-73 apr JC, en Judée.
Au cours de cette guerre, Titus s’illustre en reprenant Jérusalem que les Romains avait évacué en 66 et avait tenté de reprendre à plusieurs reprises, sans succès. La conquête est achevée en septembre 70, presqu’un mois après la destruction du Temple d’Hérode lors de la conquête de l’esplanade du Temple le 29 août 70. D’après l’historien juif Flavius Josèphe qui avait rejoint les rangs romains, Titus avait ordonné de préserver le Temple pour la beauté de l’édifice mais un soldat jette une torche à l’intérieur et déclenche un incendie que les Romains ne parviendront pas à éteindre.
La Judée étant largement sous contrôle, Titus laisse la réduction des poches de résistance à ses subalternes et rentre à Rome en 71 effectuer son triomphe, en défilant dans les rues de Rome et en exhibant ses prisonniers et le butin pris. Flavius Josèphe raconte:
« on distinguait dans tout le butin les objets enlevés au Temple de Jérusalem : une table d’or, du poids de plusieurs talents, et un chandelier d’or du même travail, mais d’un modèle différent de celui qui est communément en usage, car la colonne s’élevait du milieu du pied où elle était fixée et il s’en détachait des tiges délicates dont l’agencement rappelait l’aspect d’un trident. Chacune était, à son extrémité, ciselée en forme de flambeau ; il y avait sept de ces flambeaux, marquant le respect des Juifs pour ce nombre. On portait ensuite, comme dernière pièce du butin, une copie de la loi des juifs. »
L’Arc de Titus, érigée par Domitien après la mort de Titus, représente ce triomphe du vainqueur de Jérusalem et on y distingue un bas-relief représentant les trésors du Temple. La ménorah, bien sûr, mais aussi la table des pains de propitiation.
Récemment, ce bas-relief a été l’objet d’étude par une équipe universitaire internationale qui a voulu imaginer l’Arc de Titus tel qu’il était une fois terminé par les artisans. En effet, la blancheur des ruines que l’on connait aujourd’hui ne représente pas ces monuments tels qu’ils étaient et n’est en fait qu’un signe de l’usure du temps et des éléments. Les monuments romains, loin d’être dans l’austérité solennelle qu’on leur connait aujourd’hui, étaient hauts en couleurs et richement peints.
Ces universitaires ont commencé par effectuer un scan en 3D de la frise représentant le butin dans le triomphe de Titus. Ce scan leur a permis de découvrir davantage de détails masqués par l’érosion et leur a permis de reconstituer quelques éléments de la frise, notamment les visages disparus de plusieurs personnages.
L’équipe a ensuite scanné la frise à la recherche de pigments de couleurs et ils ont effectivement découvert que la ménorah était peinte en jaune. Ils ont donc recréé en couleurs la frise en se basant sur les pigments découverts et en improvisant à plusieurs endroits. Ils espèrent pouvoir à nouveau étudier la frise originale pour confirmer leurs choix de couleurs. En basant librement sur le récit du triomphe de Flavius Josèphe, ils ont même rajouté des inscriptions dans les panneaux portés par les personnages, afin de donner au maximum vie à la scène.
Cela donne, en effet, une toute autre dimension à cette frise battue par le temps figurant sur l’Arc de Titus et, pour ceux qui sont attachés à l’histoire du peuple d’Israël, cela provoque même une émotion certaine de voir de façon aussi frappante une représentation du malheur de Jérusalem en 70, une tragédie que les jeunes mariés juifs commémorent même le jour de leur mariage, pour que leur bonheur ne leur fasse pas oublier le ruine de Jérusalem.
Pug
Source: The Arch of Titus’s Menorah Panel in Color de la Biblical Archeology Society