Sarah Halimi: pas une « Fake News » mais une « No News »
Dans un précédent article à propos de Sarah Halimi, assassinée le mardi 4 avril rue de Vaucouleurs, dans le XIème arrondissement de Paris, j’expliquais qu’il était illusoire de penser avoir des réponses avant le scrutin présidentiel. Je m’attendais en effet à n’avoir aucune réponse des autorités judiciaires, ce que j’estime logique dans le contexte (voir mon article avant de hurler).
Mais entre n’avoir aucune réponse des autorités compétentes et n’avoir aucune évocation du sujet dans le presse, il y a tout de même une large différence. Habituellement, la presse suit les enquêtes et n’hésite pas, on l’a vu récemment à des fins politiques, à dépasser la justice et même à la contraindre à agir.
Or, à part un article du Parisien en date du 27 avril et qui indique simplement que le Consistoire se porte partie civile et ne dit rien sur l’enquête, la presse est totalement silencieuse. Pourtant, des informations filtrent. Je reproduis ci-dessous le texte publié sur Facebook par M. Meyer Habib, député de la 8e circonscription des Français de l’étranger:
LE MEURTRE DE SARAH ATTAL HALIMI EST NON SEULEMENT UN ACTE ANTISÉMITE MAIS AUSSI BARBARE – STOP A CE SILENCE ASSOURDISSANT!
Ces derniers jours, je me suis entretenu à plusieurs reprises avec M. William Attal qui me tient informé de l’avancement de l’enquête relative au meurtre de sa sœur Sarah Halimi, défenestrée parce que juive le 27 mars dernier rue Vaucouleurs dans le Quartier de Belleville à Paris.
Très ému mais très digne, M. Attal, qui a eu accès au dossier judiciaire, m’a rapporté que l’enquête avait semble-t-il mis au jour des actes de torture et de barbarie commis avant la défenestration, et que je ne peux décemment détailler ici.
Je le remercie de sa confiance.
Par ailleurs, il semblerait que l’auteur, musulman – djihadiste ? – d’origine malienne, aurait crié « Allah Akbar » à deux reprises alors que la victime le suppliait d’arrêter.
M. Attal a évoqué la présence dans le dossier d’un enregistrement audio de plus de six minutes, qui a été réalisé pendant le crime par smartphone par Monsieur D., un voisin de confession juive.
Il m’a également affirmé que des policiers dépêchés sur place, avaient de manière incompréhensible, attendu de longues minutes avant de neutraliser l’auteur.
Peut-être cette hésitation à agir est-elle la conséquence de la mort d’un ressortissant chinois quelques jours plus tôt lors d’une interpellation par la BAC du 19ème arrondissement ?
Il m’a confirmé enfin que sa sœur ne cessait de lui faire part de la peur que lui inspirait l’individu, qui la traitait régulièrement de « sale juive ».
Le meurtre de Sarah Halimi est un meurtre à caractère antisémite.
Pourquoi ce quasi-silence des médias qui rend ce crime plus insupportable encore, surtout quand on voit le tsunami qui a suivi l’affaire « Théo » ?
Je rappelle qu’en pleine instruction, le Président de la République, ainsi que plusieurs célébrités, étaient allés rendre visite à l’hôpital au dénommé Théo.
Là, rien …
Pourquoi la police a-t-elle mis si longtemps à intervenir ? Pourquoi les voisins n’ont-ils pas tenté de s’interposer ? Ces zones d’ombre devront être éclaircies.
Député de la Nation, je ne me tairai pas et ne tournerai pas la page.
C’est pourquoi j’ai demandé à la famille de mandater mon ami, l’avocat pénaliste Gilles-William Goldnadel pour représenter la partie civile aux côtés de Me Buchinger dans cette affaire. Ce qu’elle vient de faire.
Par ailleurs, ce matin, j’ai été reçu Place Beauvau par le Ministre de l’Intérieur Matthias FEKL. Il m’a écouté avec beaucoup d’attention et de gravité. A ce stade, n’ayant pas eu accès au dossier, il n’a pu se prononcer sur le fond, notamment en ce qui concerne l’action – ou l’inaction ? – de la police. En tout état de cause, l’affaire est aujourd’hui entre les mains de la Justice.
Je vais demander dès aujourd’hui un entretien avec le Procureur de la République pour évoquer cette affaire.
Je suis déterminé à tout faire pour que toute la vérité soit faite le plus vite possible.
Nous le devons, je le dois à la mémoire de cette femme extraordinaire, médecin, qui a consacré sa vie aux enfants et qui est partie à la veille de Pessah dans des circonstances tragiques, torturée et défenestrée en plein Paris en 2017.
Si M. Habib, qui n’est pas journaliste, obtient ces informations, comment se fait-il que la presse n’en ait pas autant et surtout, pourquoi aucun média ne reprend les propos de M. Habib qui comprennent tout de même des accusations graves mais aussi des éléments précis. Allez dans l’onglet actualités de Google et tapez « Meyer Habib », personne n’en parle. Quant au nom de Sarah Halimi, on tombe sur des articles déjà anciens et qui sont d’une prudence de Sioux, même sur le nom de la victime qui n’apparaît pas dans les titres. Avaient-ils peur que ça fasse trop « juif »?
M. Habib évoque à juste titre le tollé de l’affaire Théo. On pourrait y rajouter l’affaire Adama Traoré. Visiblement, la « victimisation » que l’on reproche souvent aux juifs se pratique facilement pour d’autres mais est ici obstinément refusée à Sarah Halimi, même lorsque des éléments graves fuitent par un député de la République.
Certes, les médias sont en proie au phénomène des « Fake News » et peuvent donc choisir d’être prudents. Mais là, j’ai le sentiment qu’on est plutôt face à une « No News », c’est à dire le choix délibéré de taire les informations et c’est évidemment inacceptable. Les Juifs en France sont une population plus particulièrement en danger et il est inacceptable et même révoltant d’essayer de cacher ou de taire le phénomène parce qu’il jetterait le discrédit sur un gouvernement, une communauté ou même une religion. D’autant que je suis persuadé que si Sarah Halimi avait été défenestrée par un normand fondamentaliste catholique hurlant « Heil Hitler! », ce serait le drame de l’année!
Donc, bien que nous n’ayons aucun rapport avec M. Meyer Habib, à qui on n’a même pas demandé l’autorisation de publier son texte, nous les non-Juifs qui soutenons Israël et son peuple, nous relayons et partageons le cri de colère de M. Habib: Stop à ce silence assourdissant! Que la vérité soit établie, même dans le pire de sa noirceur. La France a le droit et a même besoin de savoir si Sarah Halimi a été victime de l’antisémitisme qui a déjà bien trop tué en France!
Pug
PS: Ne me gonflez pas avec l’état psychiatrique du suspect! Que je sache, un enfant atteint de pathologie psychiatrique ne se met pas à traiter les gens de « sale juive » ou à beugler « Allah Akbar » sans avoir appris ces mots et ces notions quelque part. On ne naît pas antisémite, on le devient par apprentissage. Donc déséquilibré ou pas, si ce suspect a prononcé ces mots, c’est qu’il les a appris auprès de personnes ou au moyens de vecteurs d’informations résolument antisémites et s’il est jugé irresponsable de ses actes, je pense qu’il faut enquêter sur ses fréquentations et son activité médiatique pour savoir quels fumiers ont mis des thèses antisémites à sa disposition.