Sous couvert d’expliquer le conflit israélo-palestinien, le Figaro fait quasiment une vidéo de propagande! Je vous laisse découvrir la vidéo, sur Facebook, par le lien ci-dessous
Cette vidéo ne permet pas du tout de comprendre la complexité du conflit israélo-palestinien et au contraire fait d’ahurissant simplismes qui aggravent la méconnaissance du conflit et des enjeux.
Déjà, elle fait commencer le problème en 1922 et affirme que l’immigration juive est massive après cette date. Les premières vagues importantes d’immigration juive à caractère sioniste, même si le mot n’existe pas encore, ont lieu en provenance d’Europe de l’Est en 1881. Le Congrès Sioniste est créé en 1895 et dès 1920, avec la création de la Haganah, les Juifs en Palestine Mandataire Britannique sont déjà organisés en fonctions étatiques régaliennes, raison pour laquelle la création de l’Etat en 1948 se passe facilement,
sauf la parenthèse de la mise au pas de l’Irgoun, dans un contexte général de décolonisation difficile. A l’inverse, les Arabes et Musulmans ne sont pas du tout organisés, n’ont pas de conscience nationale et sont en proie à de profondes rivalités tribales et familiales. C’est la famille Al-Husseini, dont sont issus le
Grand Mufti, Yasser Arafat et Leïla Chahid qui parvient, avec le soutien d’abord nazi, puis égyptien et soviétique, à s’imposer face aux autres et à monter en exergue une cause palestinienne qui au départ masque leurs volontés de domination de la région à la suite du retrait britannique.
Cette vidéo ne prend pas en compte non plus l’importante immigration arabo-musulmane durant le XIXème siècle pour recaser les musulmans évacués des territoires ottomans perdus et ne prend pas en compte l’immigration économique au début du XXème siècle des arabes venus chercher du travail dans le contexte d’investissement, de rachat de terres et d’importation du savoir-faire et de l’artisanat juif venu d’Europe.
Cette vidéo présente comme « frontières » les lignes d’armistice de 1948 suite aux accords de Rhodes, ce qui est un non-sens absolu. Les belligérants arabes n’ont pas reconnu une frontière officielle d’un Etat d’Israël puisqu’ils ne reconnaissaient pas Israël. Ce sont des simples lignes de cessez-le-feu et c’est le tracé de ces lignes ou les combats se sont arrêtées qui a été reconnu, rien de plus! Les « frontières de 1967 » n’ont aucune base juridique!
Mais là ou la vidéo est d’un simplisme effarant, c’est en qualifiant « palestiniens » des territoires qui ne l’ont jamais été avant 1993 dans la notion politique moderne du nom « palestinien ». Jusqu’en 1948, « palestinien » désignait les Juifs de Palestine et pas du tout les Arabes qui ne se reconnaissaient pas dans une indépendance palestinienne mais souhaitaient une grande nation arabe unifiée (l’histoire du drapeau palestinien actuel est éloquente à cet égard).
Entre 1947, date du rejet par les Arabes du Plan de Partage, et 1967 date de la libération par Israël de territoires occupés par l’Egypte pour Gaza et annexés par la Jordanie pour la Judée, il n’a jamais été question de « territoires palestiniens » ou d’Etat Palestinien. L’OLP est créée en 1964 pour libérer la Palestine alors que les « territoires palestiniens » sont sous contrôle égyptien et jordanien. Il est donc évident que l’objectif de l’OLP est la libération de toute l’ancienne Palestine cisjordanienne et donc l’annulation de l’Etat d’Israël.
Il est remarquable d’ailleurs de constater que l’OLP n’a pas annoncé la création d’un Etat de Palestine avant 1988. Mais c’est normal puisque, jusqu’en 1988, la Jordanie revendiquait la Judée comme Jordanienne. Annoncer un Etat de Palestine sur une terre revendiquée par la Jordanie aurait été une déclaration officielle de guerre de l’OLP à la Jordanie qui ne la tolérait déjà plus depuis septembre noir de 1970.
Pour ce qui est de la Seconde Intifada et de l’échec de la dernière phase des accords d’Oslo, la vidéo frise le mensonge par omission. Les accords d’Oslo prévoyaient la montée en puissance de l’Autorité Palestinienne, qui se voyait accorder l’administration sur les zones A et B (les territoires de ces zones devenaient donc officiellement palestiniens, par un accord avec Israël), sur 6 ans à compter de 1994.
En 2000, de nouvelles séries de négociations devaient amener un statut définitif à l’ensemble de la Judée, sous administration palestinienne. Mais cette montée en puissance est un échec et l’OLP lance la Seconde Intifada qui empêche cet aboutissement.
Pourtant, en janvier 2001, Ehud Barak propose un Etat de Palestine sur 97% des territoires avec Jérusalem-Est comme capitale, proposition refusée par Arafat.
En 2005, Israël évacue unilatéralement la Bande de Gaza, pour voir le Hamas remporter les élections palestiniennes de 2006
En 2008, Ehud Olmert propose un Etat de Palestine avec un échange de terres à hauteur de 6% pour des questions de cohérence, avec Jérusalem-Est comme capitale, refusé par Mahmoud Abbas.
En fait, quand on lit entre les lignes, les dirigeants palestiniens, depuis 1947, n’ont pas changé d’attitude: ils veulent imposer leurs solutions et leurs choix, sans négocier avec Israël, et le font toujours en incluant des options qu’ils savent irréalisables ou suicidaires pour Israël. Ils veulent toujours, non pas un accord, mais bien une victoire sur Israël, qu’elle soit militaire, diplomatique et politique et ils ont tellement excités leur propre population et les activistes internationaux à la haine contre Israël qu’ils n’ont aujourd’hui même plus le choix. Comment conclure un accord avec une entité que l’on a assimilé à tout ce qu’il y a de pire dans l’humanité? Ils se feront toujours déborder par plus extrémistes qu’eux. Le Fatah l’a bien compris en se faisant déborder par le Hamas après avoir conclu les accords d’Oslo et le Hamas est lui-même sur la brèche de se faire déborder par l’Etat Islamique.
Bref, non, cette vidéo n’aide pas à comprendre la réalité de ce conflit et se contente de le survoler avec une vision plutôt partisane anti-israélienne et anti-américaine. Réveler l’appui américain à partir de 1973 en passant sous silence l’appui français entre 1948 et 1967, où ce sont des avions, des chars et mêmes des tenues parachutistes françaises qui équipent les israéliens, c’est tout de même particulièrement partial comme présentation!