Agir pour la France
Je pourrais faire un très long article sur les reproches qu’il est possible d’adresser au gouvernement français après les attentats de Paris de Novembre 2015, qui font suite à ceux de Paris de Janvier 2015, qui font suite à tous les attentats et tentatives d’attentats islamistes depuis le choc de ceux de Toulouse et Montauban en 2012.
Que fait l’Etat ? Que font les personnes en charge de défendre et protéger les citoyens, qui est historiquement la toute première vocation du concept même d’Etat ? Fidèle à mes références, je cite le verset de 1 Samuel 8:19 dans lequel le peuple d’Israël demande un Roi alors que Dieu les prévient, par la voix du Prophète Samuel, de tous les affres d’un Etat :
« Et le peuple refusa d’écouter la voix de Samuel ; et ils dirent : Non, mais il y aura un roi sur nous, et nous serons, nous aussi, comme toutes les nations ; et notre roi nous jugera, et il sortira devant nous et conduira nos guerres. »
Dans ce verset antique, les notions de justice et de défense sont brandies comme les prérogatives du Roi, donc d’une administration centrale qui sera par la suite appelée Etat. Alors, face aux carnages que subit la France en 2015, que fait l’Etat ?
Mais la question est trop simpliste, voire trop populiste, pour que je la pose et surtout, elle est, à mon avis, déplacée. Je reprends ma référence favorite, la Bible, pour citer Jésus dans l’Evangile de Jean 21:21 :
Pierre, le voyant, dit à Jésus: Seigneur, et celui-ci, que lui arrivera-t-il ? Jésus lui dit : Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? Toi, suis-moi.
Transposé à la vie d’une nation, cela m’inspire la réflexion suivante : Que nous importe ce que fait l’Etat. Nous, que faisons-nous pour la France ?
La France est une démocratie, c’est à dire que le pouvoir vient du consentement des gouvernés, selon les mots de la Déclaration d’Indépendance américaine. Mais une démocratie ne peut fonctionner que par un gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple, selon les mots d’Abraham Lincoln lors de la consécration du cimetière de Gettysburg. Dès lors, nous, les citoyens devons agir.
Il y a évidemment un volet de vie politique à cette action. Voter est le « minimum syndical » de la démocratie et lorsqu’on voit les niveaux d’abstention, on comprend vite que beaucoup de ceux qui se plaignent de l’Etat ne s’acquittent pas du minimum de leur devoir envers la Patrie. Mais au-delà du vote, combien d’entre nous assistent aux conseils municipaux, se présentent aux élections locales, non pour le pouvoir mais pour s’impliquer dans la vie de la nation ? A chaque élection, nous nous plaignons du non-renouvellement de la classe politique et d’avoir toujours les mêmes têtes. Pourtant, nous avons un système électoral qui permet ce renouvellement. S’il ne se fait pas, est-ce la faute de l’Etat ou la nôtre ?
Mais il existe un autre aspect d’engagement dans la vie de la Patrie sur lequel je veux insister particulièrement parce qu’il me tient à coeur.
Le préambule de la Constitution de 1946 précise clairement que la Défense Nationale est l’affaire de tous les citoyens. Encore une fois, un texte fondateur insiste sur la responsabilité des citoyens. Donc, dans les problèmes de sécurité et de défense, ma question n’est pas de savoir ce que fait l’Etat, mais bien de savoir ce que nous faisons nous-mêmes.
Combien d’entre nous sont Sapeurs-Pompiers volontaires, réservistes de Police et de Gendarmerie ou réservistes opérationnels de l’Armée de Terre, de la Marine Nationale et de l’Armée de l’Air ? Combien d’entre nous sont volontaires de la Protection Civile, de la Croix-Rouge ou même simplement ont passé et maintiennent à jour leur formation PSC1 (Prévention et Secours Civiques niveau 1) ?
Voilà, pour moi, la vraie question et le vrai défi pour l’avenir de la France. Agir, ce n’est pas râler sur internet ou auprès de son délégué syndical, prendre sa carte d’un parti ou faire un vote sanction parce qu’on est mécontent. Agir, c’est faire quelque chose.
On peut espérer pendant des lustres un « homme providentiel » qui fera des miracles sans qu’on bouge le petit doigt, en râlant comme des putois (ou comme des français, en somme) jusqu’à ce que ce jour improbable arrive. Ce ne sera toujours pas agir.
Peut-être faut-il en fait s’impliquer, là où on est, selon ses compétences et ses goûts, dans la vie commune de la Patrie, par une véritable vie citoyenne où l’on donne du temps et de la sueur pour la communauté nationale. Peut-être est-ce là le début d’une révolution citoyenne sans manifestation ni effusion de sang et qui conduirait la France sur la voie d’une société moderne, réellement démocratique parce qu’ayant enfin, plus de 2 siècles après la Révolution Française, compris le sens du mot démocratie.
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Pug