Carton rouge à Eric Zemmour (et à Yves Calvi)
Les CGQDI sont, en général, plutôt bienveillants envers Eric Zemmour mais il n’est pas possible de laisser passer sa dernière chronique, « Israël joue à qui gagne… perd », le 6 octobre au micro d’Yves Calvi dans « On n’est pas forcément d’accord ».
Le premier à recevoir notre carton rouge est pourtant Yves Calvi qui présente la chronique d’Eric Zemmour en évoquant « le regain de tension sur l’Esplanade des Mosquées«
Correction : Le nom de « Esplanade des Mosquées » est historiquement faux. L’Esplanade a été construite artificiellement par les ingénieurs d’Hérode le Grand, Roi de Judée, en 19 av JC lorsque celui-ci ordonne la restauration du Second Temple juif de Jérusalem. Il s’agit donc d’une esplanade prévue pour le Temple et doit être historiquement appelé « Esplanade du Temple ». La langue française est d’ailleurs la seule à utiliser cette expression. Même les musulmans l’appellent « Haram Al Sharif » qui signifie « Noble Sanctuaire » mais ne font pas mention des mosquées.
Ensuite, c’est à Eric Zemmour de recevoir son carton rouge pour plusieurs phrases et mots malheureux :
– « Mais le combat n’est plus entre deux mouvements d’émancipation nationale pour une même terre, selon un schéma digne du XIXème siècle. Il oppose désormais des jihadistes proches du Hamas ou de Daesh à des juifs religieux, c’est Islamistes contre Juifs messianiques, la mosquée al-Aqsa contre la reconstruction du temple de Jérusalem détruit par les Romains en 70 après Jésus-Christ« .
Correction : Mettre les juifs religieux dans le même panier que Daesh ou le Hamas, c’est d’une outrancière mauvaise foi. Aucun texte juif n’appelle spécifiquement à la destruction totale des musulmans partout sur la terre, aucun mouvement extrémiste juif ne prône la violence meurtrière et barbare comme moyen d’imposer le judaïsme et à la différence des musulmans, les criminels juifs ont toujours été largement et publiquement rejetés par leur communauté. Aucun texte juif, religieux ou laïc, ne prône un impérialisme théocratique juif sur le reste du monde dont le chemin est préparé par le terrorisme et l’activisme jusque dans les cantines pour imposer des menus cacher. La reconstruction du Temple de Jérusalem est en effet espérée par beaucoup mais ça reste un vœu personnel qui n’a que peu d’expression publique. Eric Zemmour le précise lui-même par la suite : Le gouvernement israélien rappelle sans cesse qu’il n’est pas question, même, de remettre en cause le status quo à ce sujet, empêchant l’accès de tout autre foi ou expression de spiritualité à l’Esplanade du Temple. Cette mise dos à dos d’un mythe islamiste et d’un mythe juif est donc totalement déplacée, les juifs restant au stade d’un vœu pieux alors que les islamistes en sont à l’émeute armée.
(L’occasion pour les CGQDI de rappeler que nous sommes favorables à une solution de déconstruction soigneuse de la Mosquée Al Aqsa et du Dôme du Rocher et à leur reconstruction sur une véritable esplanade des Mosquées, par exemple à Amman, capitale de la Jordanie, dans un projet similaire aux temples d’Abou Simbel sur le Nil. Mais là encore, c’est un vœu personnel !)
– « Le chef de l’OLP, Mahmoud Abbas, s’apprête à prendre sa retraite discrédité parmi les siens. Son attitude conciliante ne lui a pas valu davantage de succès que la guerre à outrance menée par Yasser Arafat. »
Correction : Il est très étonnant de voir un journaliste d’ordinaire très perspicace se vautrer autant dans un discours de « doxa » qu’il dénonce habituellement. L’attitude conciliante de Mahmoud Abbas est un leurre qui ne trompe plus personne. Il a continué à accueillir en héros les criminels libérés par Israël, il refuse de condamner les attentats contre des civils israéliens, il refuse de reconnaître l’Etat Juifs, ne fait pas l’ombre d’une concession dans ses revendications pour un futur Etat Palestinien et fait du passage en force à l’ONU et à la Cour Pénale Internationale pour contraindre Israël à lui céder sans négocier. Mahmoud Abbas est un fin politicien qui a parfaitement compris comment poursuivre l’offensive par un terrorisme diplomatique qui brandit toujours la menace larvée d’un terrorisme réel. Ses revendications de la libération des meurtriers et terroristes palestiniens, du retour des réfugiés sans distinction aucune, d’implanter une capitale à Jérusalem, de revendiquer même le Mur des Lamentations comme appartenant aux musulmans, de fixer les frontières sur les lignes d’armistice de 1948 sont autant de conditions outrancières qu’il sait être totalement irréalistes et qu’il sait totalement inacceptables de la part d’Israël. On ne peut pas parler d’attitude conciliante ou alors, il faut considérer que l’attitude d’Hitler et de Mussolini à Munich en 1938 était également « conciliante ».
– « En construisant un mur avec la Cisjordanie«
Correction : Autre exemple typique d’un doxa politique qu’Eric Zemmour condamne habituellement. Le nom de « Cisjordanie » est historiquement, géographiquement et politiquement faux. Ce nom est apparu entre 1948 et 1967, pendant l’annexion illégale et non reconnue de la région par la Jordanie. L’annexion ayant pris fin en 1967 et les revendications jordaniennes ayant été retirées en 1988, l’appellation « Cisjordanie » est non seulement illégitime mais également obsolète. Continuer à appeler la région de cette manière revient à valider l’agression et l’annexion jordanienne de 1948 que la Jordanie ne revendique plus elle-même. La région au nord de Jérusalem a été appelée « Samarie » et la région au Sud de Jérusalem a été appelée « Judée » pendant plus de 20 siècles. De plus, la région est géographiquement une chaîne de moyenne montagne appelée « Les Monts de Judée ».
– « En se retirant de Gaza, les Israéliens ont enfermé la multitude qui s’y presse dans une prison à ciel ouvert dont les matons sont les islamistes »
Correction : Voilà un propos totalement inintelligible qui semble verser dans l’antisionisme élémentaire qui accuse perpétuellement les Israéliens qui avaient tort en s’implantant dans la bande de Gaza et qui ont visiblement eu tort de s’en retirer. Incompréhensible. Les Israéliens se sont retirés de Gaza en 2005 dans un geste de paix douloureux (évacuation du Gush Katif, par exemple) pour donner un chance à la démocratie palestinienne. Ce geste de paix a été récompensé par un geste de haine avec la victoire, à 42% des suffrages exprimés, du Hamas aux élections de 2006, ce qui a déclenché la campagne de tirs de roquettes sur Israël qui atteint le nombre de projectiles lancés par les Allemands contre Londres durant la Seconde Guerre Mondiale.
De plus, pour un défenseur des frontières et un pourfendeur de l’espace Schengen, cette notion de prison à ciel ouvert est également incompréhensible. A partir du moment ou les Israéliens se retirent de la Bande de Gaza, il est simplement légitime que la frontière entre Israël et la Bande de Gaza soit maintenue et les passages filtrés comme c’est le cas pour la majorité des pays du monde. Gaza n’est pas plus une « prison à ciel ouvert » que ne l’était Hong-Kong du temps des britanniques ou que ne l’est Singapour aujourd’hui. 200 millions de dollars de subventions internationales ont été envoyés à la Bande de Gaza après la guerre de 2014, 1800 camions en provenance d’Israël y sont entrés même pendant la guerre, l’électricité et l’eau n’ont jamais été coupées par Israël malgré les guerres et les retards de paiements et le filtrage des habitants de Gaza qui veulent passer en Israël est une prérogative souveraine d’Israël qui ne souffre pas de remise en cause, surtout quand on se fait l’avocat du rétablissement de cette prérogative en France.
La fin de la chronique d’Eric Zemmour est assez surréaliste et chacun en jugera par soi-même. Il semble vouloir dire qu’Israël a eu la partie facile depuis 1948 et échange maintenant des « tigres de papier pour de vrais loups, des ennemis de pacotille pour des adversaires de taille XXL ». Plus loin, il parle des « redoutables combattants du Hezbollah […] soutenus par l’Iran », de « Assad acculé a reçu l’appui de l’aviation russe » et d’une « percée des troupes de l’Etat Islamique les conduirait très vite au Liban et en Jordanie, aux portes d’Israël »
Correction : Eric Zemmour semble complètement oublier plusieurs éléments historiques, stratégiques et militaire dans cette chronique. Ses « tigres de papier » ne le sont devenus qu’après plusieurs décennies de guerre où Israël les a affaiblis et vaincus.
- Les aviations arabes coalisées ont toujours été supérieures en nombre à l’aviation israélienne et elles disposaient du soutien tactique et logistique d’un URSS autrement plus puissante que la Russie actuelle.
- L’OLP a eu pendant longtemps des troupes armées et organisées également redoutables comme celles qui ont été décimés par la Jordanie lors de Septembre Noir de 1970 ou celles qui ont déstabilisé et ravagé le Liban entre 1970 et 1982, date ou l’offensive israélienne met un terme définitif à la puissance militaire de l’OLP. Prétendre que ces troupes étaient des enfants de choeur alors qu’elles étaient formées par d’anciens Waffen SS et des officiers de liaison soviétiques, c’est d’une sourde méconnaissance de l’histoire.
- Tous les historiens et stratèges le disent, les victoires de 1967 et de 1973 relèvent du miracle. Miracle explicable à posteriori en analysant les différents éléments et en évaluant la pertinence sur le terrain des doctrines d’emploi mais miracle tout de même dans la mesure où personne ne pouvait prévoir rationnellement ces issues.
- Le côté redoutable des combattants du Hezbollah n’est pas vérifié sur le terrain d’un ennemi du niveau de Tsahal. La guerre du Liban de 2006 a été un échec israélien par rapport à ses objectifs mais pas dans ses résultats. Le Hezbollah n’a fait que refuser le combat et a laissé l’opinion publique combattre pour lui. Depuis 2011, le Hezbollah acquiert en effet une expérience solide face aux rebelles syriens mais il ne faut en effet pas oublier qu’il est appuyé par l’Iran et aussi par les troupes syriennes régulières. Sans dire qu’il a la partie facile, force est de constater que le Hezbollah n’est pas poussé dans ses retranchements face à un ennemi organisé, expérimenté et bien armé comme cela serait le cas dans une confrontation symétrique avec Israël.
- L’aviation russe, paradoxalement, n’a jamais été autre chose jusqu’ici qu’un « tigre de papier » justement. Que ce soit face à la Luftwaffe en 1942-1945 ou ensuite face aux américains ou même aux français par ennemi interposé, l’aviation russe n’a pas montré une très grande qualité technique ou opérationnelle. L’une des leçons des conflits périphériques de la Guerre Froide, Corée, Vietnam, Proche-Orient et même Guerre du Golfe de 1991 est justement que l’on a toujours surévalué l’aviation russe et ses méthodes. Or, depuis la fin de la Guerre Froide, l’aviation russe n’a été engagée que dans des conflits asymétriques où elle n’avait pas d’opposition et où elle n’a pas pu se mesurer à une opposition aérienne résolue : Tchétchénie, Géorgie, Ukraine. Il ne s’agit pas de sous-estimer la puissance aérienne russe mais de ne pas la surestimer non plus. Il est évident qu’une confrontation aérienne avec les russes ne serait pas une partie de plaisir pour les israéliens mais il est également évident que les russes redoutent cette confrontation autant, sinon davantage, que les israéliens qu’ils savent très expérimentés et très connaisseurs des méthodes russes.
- Enfin, il est étrange qu’Eric Zemmour mette dans le même panier de menace contre Israël, El Assad, le Hezbollah, l’Iran et les Russes en y ajoutant l’Etat Islamique. Il est également évident que si l’arc Chiite soutenu par la Russie en vient à menacer Israël, c’est parce qu’ils ont réussi à éliminer l’opposition syrienne et l’Etat Islamique qui ne sera donc plus une menace pour Israël. Et si l’Etat Islamique parvient au Liban et en Jordanie, il est évident que ce sera le résultat d’une déroute infamante pour le Hezbollah, l’Iran et les Russes. En tout état de cause, Israël ne se retrouvera pas face à une coalition Chiites-Salafistes-Russes.
Bref, Carton Rouge à Eric Zemmour sur cette chronique très peu satisfaisante.
Pug
Merci Pug pour cet article !
Ce qui est bon à rappeler, même si cela semble à première vue hors sujet, c’est que le « plan de désengagement d’Israël » de la « bande de Gaza » qui s’est achevé le 12 septembre 2005, n’a pas empêché la « 3ème Intifada » qui se prépare en ce moment, et encore moins d’accélérer le processus de « paix » voulu par le monde.
Ariel Sharon l’un des principaux « artisans » de ce plan d’évacuation des juifs de leur territoire, c’est son vrai nom, alors qu’il était « pressenti » pour obtenir un « troisième » mandat de 1er Ministre d’Israël, fut victime d’une 2ème attaque cérébrale dès Janvier 2006 !
Plongé dans un « coma artificiel », il fut démis de ses fonctions de Premier ministre le 14 avril 2006.
Transféré au Centre Médical pour hospitalisations de longues durées « chaim Sheba », Ariel Sharon y décède le
11 JANVIER 2014, après 8 ans passés dans le coma !!!
Ce fut pourtant un « vieil » Héros militaire notamment durant la guerre des 6 jours en 1967, comme ceux décrits dans les Saintes Écritures, mais qui malheureusement a mal fini…
Peut-être croyait-il sincèrement pour ne pas dire naïvement qu’en donnant, en livrant sans contre partie le territoire de Gaza et pour cela en ÉVACUANT brutalement tous les Juifs de leur terre, qu’il allait ainsi gagné « la paix du monde » et peut-être aussi devenir « Celui » qui aurait été le principal Artisan de la Paix…dans cette guerre qui perdure depuis la création de l’État d’Israël !
L’Avenir nous a montré que c’était bien vain !
Pour que la guerre cesse et que la paix s’installe vraiment entre 2 adversaires, encore faut-il que les deux adversaires la VEULENT VRAIMENT ! Nous savons qu’il est impossible de faire la paix avec un belliqueux, aussi rusé et perfide soit-il !
Aujourd’hui nous constatons que rien a changé, et que la haine et la violence ne cessent d’augmenter !
La guerre se poursuit donc, la 3ème Intifada est bien en route… !
Que L’Éternel veille et garde Israël, la Prunelle de Ses Yeux !
Shalom.