De l’espérance de vie

L’espérance de vie des Palestiniens, que j’évoque dans mon livre et dont j’ai parlé à Emmanuelle Adda dans mon interview de ce matin, est une donnée primordiale pour commencer à comprendre que, au-delà des opinions pro-israéliennes et pro-palestiniennes, il y a un question fondamentale de faits vérifiables et de statistiques qui ne peuvent que très difficilement mentir.

D’après les statistiques de l’UNICEF, l’espérance de vie moyenne à la naissance des Palestiniens dans les territoires d’un hypothétique état de Palestine, c’est à dire la Bande de Gaza et la Judée-Samarie, était en 2012 de 73 ans.
Traduction, quand un enfant palestinien naît, il peut espérer vivre jusqu’à l’âge de 73 ans.

Comment ce chiffre est-il calculé? De façon très simple: On recense les âges de décès d’une population donnée sur une période donnée et on fait une moyenne.

Prenons trois hommes d’un même village qui meurent la même année. Si l’un est mort à 67 ans, l’autre à 83 et le dernier à 96 ans, l’espérance de vie moyenne de ce trio était de 82 ans.

Mais si l’un est mort à 8 ans, l’autre à 83 et le dernier à 96 ans, ça change tout: l’espérance de vie chute brutalement à 62 ans.
Si l’on veut maintenir l’espérance de vie moyenne à 82 ans, il faudrait que les deux derniers meurent à 119 ans. Et si l’un des deux meurt à 96 ans, il faudra que le dernier atteigne 142 ans pour maintenir l’espérance de vie à 82 ans.

L’espérance de vie moyenne à la naissance est donc une statistique qui donne une idée sur la moyenne d’âge de décès des personnes et s’il y a un décalage trop grand dans ces âges de décès, la moyenne s’en ressent immédiatement.

Dans le cas de l’espérance vie des Palestiniens dans les territoires disputés, nous avons donc une espérance de vie moyenne à la naissance de 73 ans en 2012. Certains meurent à 50 ans et d’autres à 90 mais que le curseur moyen est à 73.

Rapporté au monde arabe, c’est une excellente moyenne . A titre de comparaison, en 2012, l’Egypte est à 70,9, la Jordanie à 73,7 et la Syrie à 74,5. Dans les territoires disputés, on vit donc plus longtemps qu’en Egypte (qui n’a pourtant pas connu de guerre depuis 1973) et autant qu’en Jordanie et en Syrie, bien que la statistique syrienne va très bientôt s’afficher en chute libre.
Et justement, c’est là où cette statistique palestinienne est intéressante: s’il y avait un génocide palestinien perpétré par Israël, les chiffres seraient très différent. Exemple, si vous prenez 3 juifs gazés en même temps à Auschwitz composés d’un enfant de 2 ans, sa mère de 25 ans et sa grand-mère de 52 ans, la moyenne d’âge du décès de cette famille est de 26 ans. Un génocide, qui tue sans distinction d’âge, fait immanquablement chuter les chiffres de moyenne d’âge.

C’est logique: plus les enfants meurent jeunes, plus les vieux doivent vivre vieux pour afficher une espérance de vie élevée. En Afghanistan, un pays en guerre depuis longtemps et où les hommes meurent jeunes, l’espérance de vie moyenne est 60,5 ans en 2012. En Somalie, la statistique est de 54,7 ans en 2012.

Donc, pour chaque enfant palestinien arbitrairement tué par Tsahal, il faut qu’un adulte palestinien vive très vieux. Et vieux au-delà de tout chiffre raisonnable. Pour faire simple, si on veut maintenir cette statistique de 73 ans d’espérance de vie et qu’un enfant palestinien meurt à l’âge de 5 ans, son arrière-grand-père doit mourir la même année à l’âge de 141 ans.

Ce ne sont peut-être que des élucubrations par quelqu’un qui n’est pas mathématicien ou géographe et peut-être que je fais une erreur fondamentale dans l’analyse de ces statistiques mais, à mon niveau, ma conclusion est que, entre les chiffres de l’espérance de vie donnés par l’UNICEF et les chiffres élevés d’enfants palestiniens tués par Israël donnés par des activistes antisionistes, quelqu’un ne dit pas la vérité.

A chacun d’étudier ces chiffres et statistiques lorsqu’ils sont fournis par des organismes sérieux et d’en tirer les conclusions et enseignements qui satisfont son raisonnement.

Moi, j’ai abouti aux miens.

Pug