Exaspération et abattement
Etrange humeur, ce matin, entre exaspération et abattement…
Exaspération parce qu’on ne peut que constater la nouvelle lubie des médias : « la communauté musulmane craint les représailles ». Les musulmans de France vivraient dans la peur d’exactions punitives après les attentats de la semaine dernière. Peur ? Je vis en cité à forte population musulmane et je ne vois pas ni ne sens de peur chez eux. La vie continue, comme si de rien n’était.
Pourquoi auraient-ils peur, d’ailleurs ? Après la quarantaine d’attentats en lien avec des causes arabo-musulmanes commis en France depuis les années 70, combien de musulmans ont été tués dans des représailles ? Combien de prises d’otages, combien de massacres dans les écoles, combien de mesures restrictives ou de lois arbitraires restreignant leur liberté ? Des actes de vengeance, il y en a eu, certes. Magasins ou mosquées tagués ou objet de cocktails Molotovs. Mais c’est un épiphénomène et surtout, qui ne tue personne.
Il serait intéressant de faire un bilan chiffré des dégâts subis, en représailles aux attentats, par des commerces, des habitations, des lieux de culte, des voitures, etc, appartenant à la communauté musulmane et de comparer ce bilan à celui des dégâts subis par les biens publics ou privés dans les manifestations pro-palestiniennes ou même seulement avec une nuit de la Saint-Sylvestre. Voilà la belle pirouette de la victimisation, avec l’appui total des médias : pendant que les Juifs de France sont agressés et tués par des islamistes ou par des « musulmans radicalisés soudainement », les musulmans craignent d’être stigmatisés pour leurs magasins et leurs mosquées. Pendant que certains sont tués et n’osent plus sortir avec une kippa, d’autres vont à la télé avec leur voile pour dire qu’ils ont peur.
La France est, avec sa communauté musulmane, dans la même optique que l’est Israël avec la cause palestinienne. Si les musulmans de France veulent vivre en paix et sans être inquiétés, il suffit que la violence qui émane de leur communauté s’arrête, comme il suffit aux Palestiniens de renoncer à la violence pour être en paix avec Israël, presque du jour au lendemain. Mais le reste de la France doit-il, comme Israël, subir patiemment en attendant que la violence s’arrête? Il semble que oui.
L’abattement que je ressens, c’est en voyant la une du nouveau numéro de Charlie Hebdo. Une caricature qui n’en est pas une, très soft, très politiquement correcte et qui plaira à tout le monde alors que Charlie Hebdo s’est construit en déplaisant à tout le monde. Pas d’amalgame, tout le monde est gentil, même le prophète est Charlie et tout le monde pardonne. Mais ce n’est pas un pardon magnanime, non. Là, Charlie Hebdo, applaudi par toute une presse émue aux larmes, vient de mettre genou à terre devant l’Islam. Le pardon ici évoqué n’est autre qu’une reddition, une capitulation des journalistes devant la puissance terroriste de l’Islam.
Pendant qu’on apprend qu’un peu partout en France, dans des écoles, des cités, les prisons, la minute de silence en mémoire des victimes n’a pas été respectée parce qu’ils « n’avaient qu’à pas insulter le Prophète », le monde des médias qui devrait tenir tête envers et contre tout au nom de la liberté d’expression pardonne et capitule pour ne pas avoir à combattre.
Et pourquoi pardonner, d’ailleurs ? Le pardon est quelque chose d’individuel, c’est un travail psychologique sur soi. Ça n’est pas et ne peut pas être une absolution collective. Les familles des victimes, les proches, ceux qui depuis ces attentats ressentent le vide de l’être aimé, qui vont devoir s’occuper des affaires les plus intimes des disparus, qui vont devoir vivre avec cette absence cruelle dont chaque objet, même le plus idiot cadeau de Noël sera un mémorial, ce sont elles qui devront un jour, nous l’espérons pour elles, connaître la puissance libératrice du pardon. Mais ce n’est pas à l’état, à la presse, à la nation ou à la justice de pardonner. L’État doit empêcher ces drames de se reproduire ou de faire des émules, la presse doit dénoncer sans relâche et avec vigueur, sans se préoccuper des conséquences et du qu’en dira t-on, la nation doit défendre ses valeurs, ses principes et ses choix collectifs sans faiblir et la justice doit passer, aveugle et froide, sans notion de pardon ou d’indulgence, juste la justice.
La manif de dimanche, oui, c’était beau, populaire, national, historique. Ou alors c’était Daladier revenant au Bourget après Munich et c’était Chamberlain fier de lui après avoir clamé « La paix pour notre temps ».
Sincèrement, qui peut croire que les djihadistes ou déséquilibrés en voie de radicalisation islamiste (mais jamais juive, chrétienne ou sikh !) sont impressionnés par cette mobilisation ? Je crains fort qu’à l’avenir, dire « J’étais à la manif du 11 janvier » sera aussi historique que de dire « J’ai acclamé Daladier au Bourget en 1938 ».
Bref, exaspération et abattement…
Et la seule conclusion possible, c’est justement Daladier qui l’aurait dite en voyant cette foule l’acclamer: « Ah les cons, s’ils savaient… »
Buffalo
« la communauté musulmane craint les représailles »… Effectivement c’est vraiment risible !
Quant on pense que la première réaction de Boubaker, recteur de « la Grande Mosquée de Paris », a été de déclarer que les premières « victimes » du terrorisme islamique sont les musulmans… Ce Tartuffe confond la France avec l’Algérie !