La douleur d’un soir d’été pyrénéen…

La station thermale des Eaux-Bonnes et son parc central aux Séquoias imposants et l'ancien Casino, visible sur la droite.

La station thermale des Eaux-Bonnes et son parc central aux Séquoias imposants et l’ancien Casino, visible sur la droite.

Et dans la douce chaleur d’un soir d’été en Béarn, je monte dans la Vallée d’Ossau rendre visite à mes parents en cure, au village un peu fantôme mais plein d’un charme ancien des Eaux-Bonnes.

Entouré de ses promenades amenagées et des petits kiosques de repos qui donnent une vue imprenable sur le vallon d’Aas, le village des Eaux-Bonnes, station thermale prisée de l’impératrice Eugénie et de sa cour, qui sent bon la belle époque et la garbure et où les chants des bergers ossalois résonnent sur les rochers ou sifflent les marmottes, ne devait être qu’un lieu de détente, de paix, de douceur, de beauté et de bonheur.

L'Hôtel des Princes, construit en 1868 sur des plans du Baron Haussmann, aujourd'hui à l'abandon et victime d'escrocs...

L’Hôtel des Princes, construit en 1868 sur des plans du Baron Haussmann, aujourd’hui à l’abandon et victime d’escrocs…

Mais même ici, ils me rattrapent…

Maman me tend un livre sur la Vallée, « Vallée d’Ossau, Aussau Toustem » d’Antonin Nicol, ouvert à l’histoire des Eaux-Bonnes pendant la guerre et je lis.

Même ici…

Entre juin 1942 et janvier 1943 où 458 d’entre eux sont raflés, 500 juifs sont assignés à résidence par Vichy dans les nombreux hôtels de la douce station thermale et voient même arriver en novembre 1942 une compagnie de SS et les policiers cruels de la Gestapo.

L'Hôtel Continental, réquisitionné par la SS en novembre 1942, aujourd’hui résidence d'appartements en location saisonnière

L’Hôtel Continental, réquisitionné par la SS en novembre 1942, aujourd’hui résidence d’appartements en location saisonnière

Les Eaux-Bonnes, un village qui en 1942 possède davantage de chambres d’hôtels que le chef-lieu des Basses-Pyrénées, Pau, est logiquement choisi comme annexe des camps d’internement de Gurs et de Stadium de Pau, près de la gare de chemin de fer, où juifs français et étrangers, ainsi que de nombreux étrangers non-juifs résistants au nazisme, comme un ancien commissaire de police de Munich, attendent d’être fixé sur leur sort. Le 18 Janvier 1943, les juifs des Eaux-Bonnes sont raflés, à l’effroi indélébile de certains habitants qui offrent refuge aux persécutés ou sous l’oeil rigolard de complaisants qui les dénoncent.

L'une des splendides maisons de style victorien toujours habitée aux Eaux-Bonnes, avec en fond la bien-nommée Montagne Verte.

L’une des splendides maisons de style victorien toujours habitée aux Eaux-Bonnes, avec en fond la bien-nommée Montagne Verte.

Et les Eaux-Bonnes devinrent les eaux amères de Mara… (Exode 15, 22-27)

Ah que je les hais… Transformer ma Vallée, ma montagne, mes Eaux-Bonnes, où l’on vient chercher un peu d’air frais et de douceur des cascades de montagnes, en un camp de concentration qui sent la peste brune et la cruauté noire…

Les Goys n’ont jamais été motivés par la haine mais ce soir, en voyant les derniers rayons de soleil pâlir sur le Ger et les Gabizos, dans la douce fraîcheur d’altitude qui envahit la Vallon quand le soleil s’est absenté pour la nuit, ah que je les hais ces serviles vert-de-gris marcheurs au pas de l’oie et leur perte totale d’humanité, ah que je les hais…

Pug

Le Pic de Ger sous les derniers rayons de soleil qui surplombe l'ancien Hôtel des Princes et sa gloire passée.

Le Pic de Ger sous les derniers rayons de soleil qui surplombe l’ancien Hôtel des Princes et sa gloire passée.

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