Les problèmes RH de Daesh
Après Sid Ahmed Glam, capable uniquement d’abattre une jeune professeur de fitness sans défense avant de se tirer une balle dans la cuisse et après Ayoub El Khazzani, incapable de gérer un incident de tir sur AK-47, voici un nouvel exemple d’amateurisme, voire d’incompétence caractérisée de la part de Djihadistes déclarés ou candidats.
France Info rapporte le cas d’un veilleur de nuit de 33 ans qui oublie des tracts djihadistes dans le local de photocopieuse de son entreprise et se fait serrer pour apologie du terrorisme. Les justifications et excuses de ce demeuré ne nous intéressent pas mais ce qui nous intéresse, c’est l’idée d’une apparente dégradation de qualité opérationnelle chez les apprentis terroristes.
Au risque de me faire, l’espace de quelques instants, l’avocat du diable, les terroristes de l’OLP et du FPLP des années 70-80 étaient tout de même plus intelligents parce qu’ils restaient en vie et donc emmagasinaient de l’expérience, amélioraient leur techniques et tactiques par rapport aux succès et aux échecs, apprenaient aussi à échapper aux services de renseignements étatiques et surtout, transmettaient leurs connaissances et expérience.
L’avantage pour nous des attentats suicides, que ce soit à la bombe ou aux armes, c’est que celui qui a réussit l’attentat y perd la vie et est donc incapable de produire un retour d’expérience qui pourrait guider d’autres terroristes en puissance dans la préparation et l’exécution des attaques. A chaque attentat-suicide, une perte sèche en expérience et « intelligence », ainsi qu’en psychologie de la terreur, se produit et appauvrit d’autant la cause terroriste.
Imaginez seulement quelques minutes dans quel état psychologique serait la France si Mohamed Merah courait toujours et que l’on apprenait qu’il enseignait à d’autres son « savoir-faire » auréolé de la « victoire » de ne pas s’être fait pincer.
On compare souvent le 11 septembre 2001 à l’attaque japonaise de Pearl Harbor du 7 décembre 1941, par le nombre de victimes proches, par la surprise en temps de paix et par l’attaque aérienne. Pourtant, la différence de taille qui existe entre les deux attaques, c’est que sur les 300 avions japonais qui ont participé à l’attaque, seuls 29 ont été perdus. Tous les officiers et tous les pilotes, bombardiers, navigateurs et mécaniciens navigants qui ont participé à Pearl Harbor ont apponté sur leurs porte-avions avec une expérience importante et la capacité à se redéployer rapidement. La suite des événements, effectuée par ces mêmes hommes, a d’ailleurs été stratégiquement plus grave pour les USA que la seule attaque de Pearl.
Alors que le but de chaque force armée est de progresser pour étendre ses capacités, les djihadistes qui se tuent eux-même dans leurs attaques appauvrissent la cause. Certes, c’est un dilemme important pour eux. D’une part, la mentalité djihadiste martyre incite à ce sacrifice et d’autre part, rester en vie implique de prendre le risque de se faire prendre et de mettre les services de renseignements sur la piste d’autres terroristes et d’autres attaques. Mais indéniablement, l’incapacité des djihadistes de transmettre leur expérience ne peut qu’être néfaste à long terme. Ce ne sont pas les imams et autres activistes théoriques qui n’ont jamais mis la main à la pâte qui vont instruire les nouveaux, pas plus qu’un théoricien universitaire ne peut former pratiquement des combattants.
Je suis peut-être optimiste mais j’ai envie de croire que l’amateurisme qui semble se développer chez les partisans de Daesh indique deux choses:
-1/ les services de renseignement font un gros boulot qui rend les choses très difficiles pour les terroristes sérieux, ne laissant finalement de place qu’aux imbéciles qui peuvent être dangereux aussi évidemment mais qui ont plus de chances de se faire avoir sur un coup simple.
-2/ cette impossibilité d’acquérir de l’expérience et de la transmettre complique beaucoup la tâche des recruteurs qui, incapables de s’appuyer sur une structure opérationnelle existante lancent au feu des apprentis djihadistes qui, à chaque fois, partent de zéro et font des erreurs, littéralement, de débutants.
La conclusion moins drôle à cette réflexion est que c’est peut-être justement pour pallier à ce problème que l’Etat Islamique essaie d’envoyer des combattants expérimentés en Europe sous couvert de réfugiés, comme l’admettent l’ensemble des ministères de l’Intérieur européens.
Pug