Les Rothschild, les banques et l’antisémitisme – la vérité et les mythes
Article original: « The Rothschilds, the banks and antisemitism – the truth and the myths »
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En réalité, les banques Rothschild ne sont pas – comme cela a été maintes fois répété – membres de la Banque de la Réserve fédérale de New York (la plus grande des 12 banques de la Fed) et les banques membres ne contrôlent pas la Fed elle-même.
C’est la théorie du complot peut-être la plus aimée des antisémites du monde entier. Colporté pour la première fois au milieu du 19e siècle, cela fait maintenant presque 200 ans, le mythe selon lequel la famille Rothschild, ayant comploté et tiré profit des guerres, provoqué l’Holocauste et organisé l’assassinat d’opposants politiques, contrôlent secrètement l’économie mondiale continue.
Plus tôt cette année (2017), Marine Le Pen a fait des allusions sans subtilité sur le lien entre «le monde de la finance» et Emmanuel Macron, un ancien employé de la banque d’investissement Rothschild, dans ce qu’un observateur a qualifié de «conspirationnisme».
Les Rothschild ont longtemps été une cible privilégiée des fascistes. Les nazis ont tourné un film à leur sujet en 1940, tandis que les suprématistes blancs américains et des antisémites tels que le Liberty Lobby sont obsédés par leur contrôle supposé de la Réserve Fédérale américaine.
Mais l’extrême droite n’a pas le monopole de cette cible. En février, une ancienne candidate parlementaire travailliste a partagé un article sur les Rothchilds « possédant Israël », qui contrôlait à son tour le Congrès et le pouvoir exécutif des États-Unis. Il y a deux ans, le parti vert a été obligé de s’excuser lorsque son porte-parole aux affaires étrangères (lui-même un ancien député travailliste) a lié la famille à la montée en puissance de l’Etat Islamique.
La théorie de la conspiration Rothschild, la plus originale et la plus puissante, contient bon nombre des éléments essentiels de ses variations ultérieures. Le sujet de « Die Rothschilds Aktien auf Waterloo », production de Goebbels en 1940, remonte à 1846 et a été publié dans une brochure écrite sous le pseudonyme « Satan ». Il est focalisé sur Nathan Rothschild, fondateur de la succursale londonienne de la banque et fils du créateur de la dynastie, Mayer Amschel Rothschild.
Brian Cathcart, professeur de journalisme à l’Université de Kingston et auteur de « Nouvelles de Waterloo: La course à l’annonce de la victoire de la Grande-Bretagne par Wellington», explique que «Satan» (le pseudonyme adopté par l’antisémite de gauche français Georges Dairnvaell) a affirmé que Nathan était sur le champ de bataille en juin 1815 pour assister à la défaite française. Retourné precipitant en Grande-Bretagne avant la nouvelle, il a pu utiliser ses connaissances pour gagner 20 millions de francs en bourse. Dans le récit de Dairnvaell, selon Cathcart, «l’immense fortune des Rothschild a été construite sur les effusions de sang de la bataille de Waterloo».
Un variante tardive de l’histoire place Nathan à Londres, mais, recevant toujours l’information avant les autres, il manipula la bourse pour provoquer un effondrement du prix des actions, qu’il racheta massivement avant que le marché ne flambe lors de l’annonce de la victoire de Wellington.
Au fil du temps, l’édifice sur lequel Dairnvaell construisit son histoire a été démoli. Nathan n’était pas à Waterloo. Le journal qui aurait rapporté l’histoire de sa frénésie d’achats d’actions s’est avéré ne contenir aucun article de ce type. Et en fait, il n’y a même pas eu d’effondrement massif du prix des actions dont il aurait pu tirer profit.
Tout au plus, Nathan, comme certains autres habitants de la ville, semble avoir reçu la nouvelle de la défaite française plusieurs heures avant l’annnce officielle. Cette nouvelle semble également avoir permis à Nathan – comme l’a écrit un employé de la banque un mois plus tard – d’avoir «bien réussi», mais, comme le suggère Cathcart, le marché n’était pas suffisamment porteur pour lui permettre de réaliser des gains approchant seulement l’échelle des accusations de Dairnvaell et il n’a certainement pas aussi « bien réussi » que des investisseurs rivaux qui avaient déjà acheté d’énormes quantités de titres d’État.
Néanmoins, grâce à l’immense richesse des Rothschild – le romancier français Théophile Gautier évoquera le «siècle des Rothschild» – de vastes conspirations ont continué d’émerger: la famille tirait les ficelles derrière la succession de monarques français du XIXe siècle, notamment Louis XVIII, Louis-Philippe et Napoléon III; aurait fait de Otto von Bismarck un «agent»; et aurait œuvré pour fomenter la guerre franco-prussienne de 1870.
L’idée selon laquelle, comme le dirigeant de Nation of Islam, Louis Farrakhan, l’exprimait en 1995: «Les Rothschild ont financé les deux camps de toutes les guerres européennes» était un mythe récurrent. Selon Farrakhan et ses partisans, leur objectif était «de mettre la main sur la banque centrale américaine»; un objectif apparemment atteint avec l’adoption de la législation de 1913 créant la Réserve Fédérale. En réalité, les banques Rothschild ne sont pas – comme cela a été maintes fois répété – membres de la Banque de la Réserve fédérale de New York (la plus grande des 12 banques de la Fed) et les banques membres ne contrôlent pas la Fed elle-même. Ce rôle est exercé par le conseil d’administration, nommé par le Président et confirmé par le Sénat.
De même, les Rothschild ont également été accusés d’avoir «pris le contrôle» de la Banque d’Angleterre lors du fameux krach boursier «la panique de 1825». Là encore, c’est faux: les Rothschild ont contribué à atténuer la crise de liquidité de la Banque en lui accordant un prêt qui a été remboursé plus tard.
Les propos prêtés à Nathan Rothschild, «L’homme qui contrôle la masse monétaire britannique contrôlent l’Empire britannique et je maîtrise la masse monétaire britannique», sont fréquemment utilisés pour étayer les théories sur le contrôle exercé par les Rothschild sur la Fed et la Banque d’Angleterre. Mais, comme l’affirme Brian Dunning, expert en théories du complot, ces mots (parfois attribués également à son père, Mayer) ne semblent jamais avoir été proférés par Nathan. Au lieu de cela, leur origine semble résider dans une citation – fausse – de 1939 de l’ancien président du Comité sénatorial permanent des banques et de la monnaie, Robert Owen.
Cependant, la théorie la plus pernicieuse et la plus choquante des théories du complot Rothschild est celle qui accuse la famille d’avoir en quelque sorte conçu la Seconde Guerre Mondiale et l’Holocauste afin de susciter la sympathie nécessaire pour établir l’État d’Israël. Mais, comme le note Dunning, le «seul élément de vérité» dans l’affirmation selon laquelle les Rothschild ont «financé l’Holocauste» est que les Nazis ont saisi les avoirs des Rothschild autrichiens, tenant effectivement le chef de la famille, le baron Louis, prisonnier pendant plusieurs mois pendant qu’ils volaient son argent. Mais pour ceux qui souhaitent raviver les braises de l’antisémitisme, les faits ne sont jamais autorisés à faire obstacle à une bonne histoire.