Mise au point sur les amalgames
Dans mon article du 10 janvier « Leçons en amalgames », j’écrivais le paragraphe ci-dessous qui m’est aujourd’hui reproché:
« Pourtant, il est indéniable que les noms de Saïd et Chérif Kouachi ne viennent pas d’une langue indo-européenne formée d’influences latines, grecques, normandes et germaniques. Il est indéniable également que leur généalogie ne retrace pas la présence de leur famille dans le Berry en 1438. Il est indéniable que la tradition de leur famille n’était pas d’une culture catholique ou simplement judéo-chrétienne. Il est indéniable qu’ils pratiquaient la religion musulmane et se rendaient à la mosquée. Et il est indéniable qu’ils ont attaqué, aux cris de Allak Akbar (dieu est grand) et « on a vengé le prophète Muhammad » (en oubliant de bénir son nom comme le veut l’usage), une rédaction de presse accusée de blasphème contre l’Islam et faisant l’objet d’insultes, de condamnation, d’actions en justice et de menaces de la part, notamment, de musulmans et d’institutions musulmanes. »
Ces phrases, me reproche-t’on, auraient pu être prononcées aussi contre les Juifs par des antisémites. Je pense que l’accusation de racisme et de stigmatisation n’est pas loin derrière.
Il m’avait semblé, dans ce paragraphe énoncer des faits, sans aucun jugement. Il faut lire la suite de mon texte, et le lire en entier, pour juger si c’est un texte stigmatisant et raciste.
Mais puisqu’on dit qu’on aurait pu dire la même chose sur les Juifs, permettez-moi de le faire moi-même avec le même souci d’énoncer des faits et donc d’écrire moi-même un paragraphe du même genre à propos des Juifs, en utilisant les noms de grandes figures juives de France, envers qui je m’excuse d’avance si mes propos sont racistes et stigmatisants.
« ll est indéniable que les noms de Haïm Korsia et de Moshe Sebbag ne viennent pas d’une langue indo-européenne formée d’influences latines, grecques, normandes et germaniques. Mais il est également indéniable que les noms d’Alfred Dreyfus, de Léon Blum ou de Ryszard Praszkier (nom polonais d’origine de Richard Prasquier) viennent de langues indo-européennes, formées d’influences latines, grecques, germaniques et slaves donc nordiques d’origine, avec une influence sémite par le Yiddish. Il est indéniable également que les Juifs et le Judaïsme sont présents en Europe et en Gaule avant l’émergence du christianisme et de l’identité française, comme le montre les découvertes archéologiques dans la Vallée du Rhône datant du 1er siècle après JC. Il est indéniable également que le christianisme originel, qui a formé la culture et les traditions chrétiennes européennes, a TOUTES ses racines dans le judaïsme mosaïque dont il partage les textes. Il est également indéniable que les synagogues européennes n’ont jamais été des foyers idéologiques ou les délinquants de culture juive pouvaient éventuellement trouver un terreau de radicalisation religieuse et politique anti-européenne débouchant sur des violences et du terrorisme. Et il est indéniable que les Juifs n’ont jamais attaqué, au nom de « Hachem est grand » et « on a vengé le prophète Moshe Rabinou » une rédaction de presse accusée de blasphème contre le Judaïsme et faisant l’objet d’insultes, de condamnation, d’actions en justice et de menaces de la part, notamment, de juifs et d’institutions juives. En termes de réactions juives à des publications insultantes, on peut simplement noter l’usage du Duel, comme celui d’Arthur Meyer contre Edouard Drummont en 1886 pour les publications antisémites de ce dernier dans La Libre Parole, celui du capitaine Armand Mayer contre le Marquis de Morès en 1892 pour les doutes émis par ce dernier sur la loyauté des officiers juifs de l’armée française ou celui, romantique, de Ferdinand Lassale qui provoque en duel le prince Yanco von Racowitza qui lui refuse la main de sa fille par antisémitisme et où Ferdinand Lassale perdra la vie. Et il faut préciser que le duel était très en vogue dans la France du XIXème siècle et que les Juifs duellistes n’ont donc réagi que dans le cadre de coutumes françaises de leur époque. »
Pug