Minorités palestiniennes: l’oppression passée sous silence!

Puisqu’il est souvent question de racisme et de ségrégation, parlons des « minorités palestiniennes »… Eh bien oui, une majorité de palestiniens opprime une minorité d’autres palestiniens!

La quasi-totalité des arabes palestiniens de Gaza et « Cisjordanie » (Judée-Samarie hein ho) sont musulmans sunnite et « blancs ».

Compte tenu de l’émigration de l’ensemble des habitants juifs de Gaza et de zone A de Cisjordanie (Judée-Samarie), seules subsistent une minorité chiite, une minorité chrétienne et une minorité noire sous contrôle des AP de Gaza et Cisjordanie.

La minorité chiite de Gaza :
Deux groupes des droits de l’Homme ont dénoncé, à compter de janvier 2012, « l’usage excessif de la force à l’encontre des Palestiniens chiites par la police du Hamas à Gaza » et l’irruption systématique des hommes du Hamas dans les rassemblements de fidèles chiites lors des principaux rites du chiisme, accompagnée d’arrestations arbitraire brutales.

Le ministère de l’Intérieur du Hamas a répondu que les « Palestiniens de la bande de Gaza sont de confession sunnite » et qu’il n’était « pas au courant de l’existence de chiites à Gaza…».

La minorité chrétienne :
La majorité des chrétiens de Gaza sont de rite orthodoxe grec, suivi du rite catholique, quelques-uns appartiennent aux rites copte et baptiste.

Au moment du recensement palestinien de 1997, la population chrétienne de la bande de Gaza représentait 7.000 personnes et ait passée à 4.500 personnes en 2001.

En septembre 2006, au moment des premières menaces directes contre la communauté chrétienne, une note du département d’État des États-Unis l’évalue la population chrétienne de la bande de Gaza à 3.000 personnes (soit 0,2 % de la population de la bande de Gaza, contre 0,6 % dix ans plus tôt).

En septembre 2006, suite au discours de Ratisbonne du pape Benoît XVI, plusieurs organisations islamistes palestiniennes annoncent vouloir « s’en prendre à tous les croisés dans la bande de Gaza et continuer les attaques jusqu’à ce que les 3.000 chrétiens aient quitté la bande de Gaza ».

En juin 2007 interviennent les premiers incidents visant la communauté chrétienne, notamment l’incendie d’une église et le saccage d’une école, dans les jours qui suivent, Abu Saqer, responsable du mouvement Jihadia Salafiya, déclare que les chrétiens doivent « accepter les règles islamiques et suivre la charia pour vivre en paix à Gaza ».

En août 2007, Sana al-Sayegh, une enseignante de l’Université d’Al-Zahra de Gaza, est enlevée par des miliciens du Hamas et forcée de se convertir à l’islam ; le Hamas soutient qu’il s’agit d’une conversion volontaire en vue d’un mariage.

En septembre 2007, après l’agression d’une femme âgée de 80 ans, les responsables de la communauté chrétienne de Gaza renouvellent leur demande au Hamas de protection de leur communauté.

En octobre 2007, Rami Ayyad, de la communauté baptiste de Gaza, responsable de la seule librairie chrétienne de Gaza, est enlevé et tué.

En décembre 2007, un responsable de la communauté chrétienne de Gaza déclare : « Les groupes islamistes radicaux, avec la complicité du gouvernement du Hamas, ont lancé une campagne pour se débarrasser de nous et personne n’y prête attention ».

En 2011, selon le Guardian, cette population chrétienne de Gaza n’était plus que de 2.500 personnes, ceux qui le pouvaient ayant émigré.

Depuis 2011, il est impossible aux chrétiens de Gaza de devenir fonctionnaires de l’autorité palestinienne.

En 2014, juste avant le déclenchement de l’opération « bordure protect », encore selon le Guardian, la population chrétienne de Gaza n’était plus que de 1.400 personnes.

Récemment, les autorités du Hamas ont exigé des écoles chrétiennes qu’elles deviennent non mixtes et que le Coran soit lu chaque jour en classe, de plus, elles ont fait du Coran la base de l’éducation à l’université.

En 2016, selon les chiffres du Patriarcat latin de Jérusalem, Gaza ne compte plus que 1.230 chrétiens, dont 60 % a moins de 18 ans et n’est donc pas en âge de pouvoir immigré.

Pour ce qui est des chrétiens de Cisjordanie, les chiffres parlent d’eux-mêmes :
En 1994, à la prise de contrôle de l’autorité palestinienne, la ville de Bethleem, traditionnellement chrétienne depuis presque 2000 ans, était composée à 90% de chrétiens…Aujourd’hui la ville est composée de 90% de musulmans…et cela en 23 ans sous autorité palestinienne.

Penchons-nous maintenant sur le cas d’une minorité ethnique de palestiniens souvent ignorée:

Les Sumr, appelés également les « palestiniens noirs ».

Source : Susan BECKERLEG et « REFLEXIONS ON ARAB-LED SLAVERY OF AFRICANS » (Réflexions sur l’esclavage des africains par les Arabes), Edité par KWESI KWAA PRAH, EDTIONS CASAS Book 2005.

Au septième siècle, presque tous les Africains vivant en Arabie, et dans la sphère d’influence arabe du moyen et proche orient, étaient des esclaves.

Pendant des siècles, avant et sous l’empire Ottoman, les esclaves étaient amenés d’Afrique vers la Palestine (Crabites 1933).

Ainsi furent formées, par l’esclavage arabe, les communautés noires africaines de Jérusalem, de Jéricho, du Néguev et de Gaza.

Des écrivains européens et des voyageurs racontent que des esclaves originaires d’Afrique sub-saharienne gardaient et entretenaient le complexe de la mosquée de Haram as-Sharif à Jérusalem (Cohen et Lewis 1978 ; Peters 1986 ; Rogers 1989).

Selon ces récits, les esclaves africains avaient été déployés par les Mamluks d’Egypte puis par les ottomans, afin de garder et entretenir les lieux saints de l’Islam.

Les « africains ou palestiniens noirs » qui vivent à Jérusalem-Est, occupent les immeubles de l’époque des Mamluks, sur les deux côtés de la rue Al’a Ad-Deen, qui conduit à la mosquée de Al Aqsa.

Pendant la période ottomane, le quartier étaient occupés par les esclaves africains qui travaillaient comme gardes et serviteurs à la mosquée et dans les propriétés waaf.

Les descendants de ces esclaves africains vivent toujours dans le quartier aujourd’hui.

La plupart des membres de la communauté africaine de Jérusalem sont originaire surtout du Sénégal, du Tchad, du Nigeria et du Soudan.

Les liens des noirs de Jérusalem avec Jéricho, ou vivent de nombreux palestiniens noirs, sont particulièrement forts.

L’esclavage semble avoir été une institution très active sous l’empire Ottoman.

Lorsque le mandat britannique sur la Palestine a été établi en 1917, les esclaves n’ont pas reçu de documents les libérant, et il apparaît que les Britanniques firent peu d’efforts formels pour en finir avec le système de l’esclavage en Palestine.

En fait, la création d’Israël, en 1948, et les changements socio-économiques rapides qu’elle a apportés ont entraîné la disparition de l’institution « esclavage » dans certains endroits, alors qu’elle perdura dans d’autres régions, sous contrôle arabe, jusque dans les années 50.

Les groupes de personnes noires qui vivent aujourd’hui dans le Néguev, à Gaza et sous l’autorité palestinienne de Judée-Samarie/Cisjordanie, sont les descendants des esclaves des arabes.

Avant 1948, il existait dans le Néguev un système sociopolitique d’affiliation tribale arabe.

Il y avait 4 confédérations tribales arabes (gabail) divisées en tribus, ou ashira (Lewando Hundt 1978). :
Gdarat, Azazme, Tarabeen et Dlam.

De toutes, la Tarabeen était certainement celle qui possédait le plus d’esclaves noirs.

Beaucoup de noirs du Néguev sont maintenant, depuis 1948, affiliés à la tribu d’Abu Bilal :
Les arabes disent que les Israéliens ont inventé la tribu Abu Bilal pour représenter tous les « bédouins noirs », et lui ont donné ce nom en référence à Bilal, le compagnon éthiopien du prophète Mohammed car il était noir.

Les Abu Bilal ont des terres dans le Sinaï et le Néguev.

En 1952, lors d’un recensement, de nombreux noirs du désert s’enregistrèrent auprès des israéliens sous la tribu Abu Bilal, bien qu’ils aient été attachés à d’autres familles tribales du désert.

Par exemple, un homme âgé raconte qu’il avait saisi sa chance de se faire enregistrer comme membre de la tribu Abu Bilal, afin de se dissocier des descendants des maîtres de son grand-père…Il explique : « Sulaiman Abu Bilal était très intelligent et fort, bien qu’il n’ait su ni lire ni écrire et beaucoup le rejoignirent car avant 1948, Abu Bilal était une famille d’esclave qui vivait dans le Sinaï. ».

Après 1952, sous le pouvoir israélien, à l’époque ou le recensement fut réalisé, l’esclavage en tant qu’institution disparut.

A la fin des années 60, les Israéliens commencèrent à développer des installations planifiées dans le Néguev :
Beaucoup de familles noires déménagèrent alors dans les villes planifiées israéliennes, dont la plus importante est Rahat.

Sur approximativement 30 000 personnes qui vivent à Rahat, un tiers sont noires et se concentrent dans trois quartiers de la ville.

Toutes ces familles sont enregistrées comme Abu Bilal.

LA MÉMOIRE DE L’ESCLAVAGE DANS LA SOCIÉTÉ ARABE DE PALESTINE :

Plusieurs arabes palestiniens ont déclaré avoir entendu parler d’un grand marché aux esclaves en Égypte et que leur grand-père était marchand d’esclave qui faisait régulièrement le voyage jusqu’en Égypte.

Une description saisissante de ce marché au XIXe siècle est fournie par Louis Frank (Le Gall 1999).

Un vieux bédouin racontait que les esclaves étaient marqués comme les animaux, mais qu’il n’existait pas de documents concernant leur propriété ou leurs origines.

Des personnes âgées se souviennent aujourd’hui des histoires racontées par leurs parents ou grands-parents sur leur venue en Palestine.

Il est ainsi possible de découvrir des choses sur l’histoire récente de l’esclavage.

La majorité des gens qui avaient une idée de l’origine de leurs ancêtres ont mentionné le Soudan.

Cependant, beaucoup déclarent : « Nous disons Soudan car nous ne savons pas, et parce que le nom signifie : « le lieu des noirs », cela aurait aussi bien pu être le Congo ! ».

Ces gens vivant actuellement à Gaza et dans le Néguev se souviennent d’histoires racontées par les anciens qui décrivaient comment les enfants étaient kidnappés et apportés sur les marchés aux esclaves, parfois transportés dans les sacoches des chameaux, pour aller vivre chez les familles arabes de Palestine.

Cela s’est produit à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle.

Dans certaines régions sous contrôle arabe, le mode de vie de l’esclavage semble avoir perduré jusque dans les années 50.

Un homme noir qui vint d’Égypte en Palestine en tant que travailleur migrant, et qui s’est trouvé pris dans la guerre de 1948, se souvient des conditions de vie des noirs rattachés à Al Huzail :
Il rencontra des gens noirs qui faisaient pousser le blé pour Al Huzail…On leur donnait de la nourriture, mais pas de l’argent…Les maîtres et les esclaves vivaient séparément dans des tentes noires pour les noirs et tentes blanches pour les arabes…Il n’existait pas d’intermariage ou de concubinage…Lui-même travaillant en tant que berger libre ne recevait pas de salaire, seulement le gite et le couvert.

Les enfants esclaves étaient souvent les seuls noirs qui vivaient avec les familles.

Ils s’occupaient des animaux, faisaient pousser du blé et de l’orge, et s’occupaient des corvées de la maison.

Les arabes n’utilisaient pas les filles comme concubines.

Les Noirs étaient disséminés dans toute la Palestine, vivant avec les familles qui les « possédaient ».

Les arabes de Palestine avaient un système social et politique à trois étages :
-Les sheikhs étaient issus du Samran, le bédouin originel.
-Les hamran, des familles à l’origine felaheen, fermiers paysans, qui avaient besoin de protection et/ou de terres des familles Samran.
-Les abeds, esclaves, était à la base de la structure sociopolitique et n’avaient pas les mêmes droits et le même statut que les personnes libres.

Dans certaines familles, il y avait parfois des esclaves qui n’étaient pas d’origine africaine, ainsi que des personnes dépendantes au statut faible, les hamran.

Lorsque les enfants avaient grandi, leurs maîtres arrangeaient leur mariage.

Ils n’épousaient jamais des « Blancs », même si ceux-ci étaient aussi esclaves.

Des gens ont aussi raconté qu’à leur entrée dans l’âge adulte, les esclaves pouvaient choisir de tenter leur chance et devenir libres, ou alors rester attachés à la famille du maître qui arrangeait alors le mariage…Ceci est vrais mais ne s’est produit que vers la fin de l’esclavage, pendant la période britannique de 1917-1948, alors que l’esclavage était déjà légalement aboli.

Les esclaves ne comptaient pas dans les affrontements sanglants qui opposaient les familles :
Si un homme noir tuait un homme blanc, la mort de cet homme noir ne comptait pas et le paiement (suhla), en monnaie ou en esclave, de la dette de sang ne pouvait-être faite…Si un homme noir tuait un blanc, la famille du mort pouvait, en représailles, tuer les « propriétaires » de l’homme noir sans recourir à la dette de sang.

Sous l’ancien système, les esclaves ne pouvaient pas s’asseoir dans la tente des invités, le shig, comme leurs maîtres, ni vivre dans la tente de leurs maitres.

STATUT ET IDENTITÉ :

Comme dans une grande partie du monde arabe, les arabes palestiniens désignent les personnes d’origine Africaine visible, c’est-à-dire noir, par le mot abed, un mot qui signifie, littéralement, « esclave », ou par le mot sawd, littéralement « négre ».

Ainsi, les termes désignant les esclaves et les personnes noires sont devenus interchangeables dans le langage commun arabe palestinien.

Tous les Palestiniens d’origine Africaine, les Noirs du Néguev, de Gaza, de Jéricho et de Jérusalem, évitent le terme abed, et se désignent eux-mêmes, en tant que communauté et ethnie, par le terme sumr, qui veut dire en arabe commun « couleur noir », un contraste complet avec les autres Palestiniens, qui continuent à les désigner par le terme abed, dont le sens premier est esclave.

La majorité des Palestiniens d’origine Africaine se désigne aussi, entre eux en tant qu’individu, par les mots asmar ou abid, qui se traduisent, tous les deux, par « noir », et khali, c’est-à-dire « le frère de ma mère »…le terme khali indique le respect et l’affection.

On raconte que ce dernier terme est utilisé en référence aux hébreux noirs qui ont émigrés des États-Unis pour s’installer à Dimona en tant que groupe juif…Toutefois, khali n’est pas utilisé pour désigner les juifs éthiopiens qui sont juifs et Israéliens.

Les palestiniens arabes se désignent comme blancs, mais uniquement comme descriptif pour se différencier des Palestiniens d’origine Africaine donc noirs.

Les origines, l’identité et la terminologie utilisée pour décrire les noirs de Palestine sont clairement des sujets sensibles pour les arabes palestiniens.

Souvent les arabes palestiniens nient que les Africains aient jamais été esclaves dans la région, et disent que les Africains étaient plutôt des soldats de l’armée ottomane.

Quand on leur fait remarquer que cela n’est pas vrai, certains « chuchotent » : « On n’en parle jamais »…Pourtant, les arabes Palestiniens continuent à utiliser le terme abed et perpétuent la discrimination.

Les noirs de Palestine ont été géographiquement dispersés et pris dans les énormes transformations politiques qui ont affecté la région :
Certains sont des citoyens Israéliens, alors que d’autres sont enregistrés comme palestiniens et détiennent des papiers des Nations Unies, mais n’ont pas de nationalité.

Tandis que certains sont totalement israéliens, bien que musulmans, quand ils ont la citoyenneté israélienne, ceux qui ont les papiers de l’ONU ne sont pas considérés par l’autorité palestinienne comme de vrais palestiniens.

Beaucoup de palestiniens d’origine africaine, donc noirs, sont pauvres et désavantagés, comparés aux autres palestiniens blancs/arabes…Très rare sont les Sumr ayant l’opportunité de pouvoir s’élever et étudier dans la société arabe palestinienne.

Les mariages entre blancs/arabes et esclaves noirs n’étaient autrefois pas autorisés, ni même le concubinage.

Les esclaves noirs étaient plutôt mariés à d’autres esclaves noirs qui appartenaient à des familles différentes.

Après 1948, les noirs ont continué à épouser des noires, se conformant ainsi à la préférence culturelle de la société arabe.

De nos jours les mariages « mixtes » sont toujours très mal vus par la société arabe palestinienne.

Assez récemment, à Rahat, une ville arabe du Sud d’Israël, un jeune homme noir s’était enfuit avec une femme blanche arabe…Ils ont été découverts et la jeune femme a été tuée par sa famille.

Après 1952, de nombreux mariages eurent lieu entre les communautés noires de Jérusalem, de Jéricho, de Gaza et du Néguev, jusqu’à lors séparées par les clivages tribales arabes.

Sous l’ancien système, les esclaves ne pouvaient pas s’asseoir dans la tente des maîtres ou celle des invités :
A certains endroits encore, comme Gaza et la zone A de Judée-Samarie/Cisjordanie ceci peut toujours être observé, le rôle des noirs étant de servir le thé/café à des personnes d’origine arabe et non de s’assoir pour le boire.

Buffalo