Paradoxe du Nationalisme

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Marine Le Pen, qui ne cesse de brandir la laïcité contre les musulmans et veut interdire tout signe religieux dans l’espace public, se réfère hier soir sur TF1 au Cardinal de Richelieu, un prélat de l’Eglise Catholique Romaine qui fut Premier Ministre de Louis XIII et tenait ses fonctions en tenue de Cardinal Romain. Mais on n’est pas à un incohérence près. 
 

Le Cardinal de Richelieu au siège de la Rochelle, par Henri-Paul Motte, 1881. Le siège de la Rochelle en 1627-1628 ne laissera que 5400 survivants sur 28 000 habitants et les survivants seront pardonnés par Louis XIII à la condition de présenter un certificat de baptême catholique.

Et lorsque le journaliste lui dit que Richelieu, l’affameur de La Rochelle, n’a « pas été très sympa avec les Protestants », elle répond que « ce sont peut-être les Protestants qui avaient des exigences incompatibles à l’époque avec la Nation. »

 
Parce que vouloir la liberté de religion et être protégé de l’absolutisme d’un Etat totalitaire aux mains de persécuteurs catholiques, c’est incompatible avec le fait d’être français, donc.
 
Après avoir énervé les Juifs avec une réécriture du Vel d’Hiv, la voilà qui veut énerver les Protestants en rouvrant les guerres de religion et en rappelant pourquoi les Protestants ont cherché la protection de puissances étrangères et même ont choisi l’exil contre leur propre Nation qui les traitait en sous-citoyens et les persécutait.
 
Elle veut mettre les français d’abord, dit-elle. Mais pas les français musulmans, pas les français juifs, pas les français protestants et si les catholiques la ramènent trop avec le mariage pour tous ou autre, il y a des chances qu’eux aussi se fassent exclure de la définition de la Nation française par le Front National. Et puis après, ce seront les autres, sur des critères raciaux. Puis ceux sur des critères politiques. Puis, ceux sur des critères de mœurs. Puis, encore d’autres, par exemple sur des critères économiques. Etc. 
 
C’est l’éternelle contradiction du nationalisme. Une idéologie qui veut rassembler la Nation mais passe son temps à en exclure des tas de gens. Cette contradiction a été brillamment illustrée par Adolf Hitler lui-même: Au début, il parle d’un grand Reich Allemand de tous les germanophones mais commence à en exclure les citoyens par des tas de critères pour, à la fin, être persuadé que la nation allemande, ce n’est que sa propre personne.
 
Question, tant que j’y suis: Puisqu’on s’est battu sur ce qu’était la « vraie France » pendant la Seconde Guerre Mondiale, qui représentait la « vraie France », lors du massacre des Protestants à la Saint-Barthélemy, lors du massacre des Catholiques de la Michelade de Nîmes, au siège de La Rochelle ou pendant la guerre des Camisards ou des adolescents paysans cévenols ridiculisaient les troupes royales?
Non, je plaisante, c’est juste pour charrier les nationalistes qui idolâtrent aveuglément l’idée qu’ils se font de la France…
Pug

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