Qu’entendons-nous du cri silencieux des morts ?

Le 26 Avril prochain, au Camp de Gurs (64) aura lieu la cérémonie du Jour du Souvenir de la Déportation. Une petite délégation des Goys y sera.

A quoi servent ces commémorations? N’avons-nous pas bientôt fini de « rabâcher » sur la Shoah, comme on peut le lire dans certains commentaires? Que retirons-nous de ces commémorations douloureuses qui viennent se rajouter aux douleurs d’une actualité pénible? Qu’entendons-nous du cri silencieux des morts ?

Ce sont les questions auxquelles répond Jean-François Amblard, Président de France-Israël Pau, dans le texte du discours qu’il aurait pu prononcer à Gurs, dimanche prochain

 

Ce que je dirais le 26 Avril 2015 à Gurs si j’étais invité à le faire…

Cimetière des déportés de Gurs, Pyrénées-Atlantiques

Cimetière des déportés de Gurs, Pyrénées-Atlantiques

Qu’entendons-nous du cri silencieux des morts ? Comment déchiffrons-nous la plainte de Gurs exhalée de ces tombes ? Nous avançons dans un jardin de pierres mais savons-nous en lire les signes ?

Devant cet alignement de stèles marquées de l’étoile de David, le devoir d’un ami d’Israël est de rappeler des faits imprescriptibles. Ces faits remontent aux années vingt et trente de notre vingtième siècle.

Par la déclaration Balfour de 1917, la Grande-Bretagne s’était engagée à créer un foyer national Juif sur la terre qui avait vu plus de mille ans de souveraineté juive, du Royaume de David à la destruction du Temple d’Hérode, à l’écrasement de la révolte juive et à la chute de Massada. Cette promesse solennelle accomplissait le rêve sioniste de Theodor Herzl : un Etat pour un peuple sans terre dispersé parmi les nations,  l’émancipation nationale du peuple juif qui aspirait à retrouver la terre de ses ancêtres.

Ce rêve, la puissance mandataire britannique l’a étouffé, cette promesse, la Grande-Bretagne l’a répudiée : elle a renié ses engagements en reportant sine die la création de cet Etat par des plans de partage toujours refusés par les Arabes. Elle  a restreint l’immigration juive dans la Palestine mandataire pour ne pas s’aliéner les Arabes et l’a pratiquement interdite par le Livre blanc de 1939. Elle a cédé devant les pogroms meurtriers comme celui d’Hébron en 1929, elle a cédé aux violences et à la haine envers les Juifs attisées par le Grand Mufti de Jérusalem, Hadj Amin Al-Husseini, ami d’Hitler et des Nazis, réfugié à Berlin pendant la Guerre, créateur de la Légion musulmane SS Handschar en Bosnie en 1942, auteur de crimes contre l’humanité par sa participation directe à la Shoah… Non, la haine envers les Juifs n’était pas le privilège douteux des Nazis allemands, elle a trouvé des alliés solides dans les mouvements nationalistes et islamistes arabes du Proche-Orient.

063Sans cet enchaînement de décisions funestes, les Juifs d’Europe persécutés en Allemagne auraient pu s’embarquer pour la Palestine du mandat britannique avant que toutes les portes ne se ferment, les Juifs de Bade, de Sarre et du Palatinat n’auraient pas été déportés ici en masse à l’automne 1940, Gurs n’aurait pas été ce rauque sanglot étouffé dans la gorge, et ce cimetière renfermerait beaucoup moins de tombes, parce  que les parias juifs auraient trouvé en Israël leur rempart, leur roc et leur refuge…

Gurs, c’était cela aussi en 1939 : le fruit vénéneux de notre aveuglement.

Je ne me lasserai jamais de le répéter : les commémorations sont nécessaires, l’intelligence du passé indispensable. Mais elle serait bien vaine une mémoire qui n’éclairerait que le passé et nous aveuglerait sur le présent. Nous ne pouvons nous satisfaire à bon compte d’une clairvoyance rétrospective. Nous incliner devant des tombes ne nous dispense pas par magie des combats à mener aujourd’hui contre les idéologies de la haine anti-juive et anti-chrétienne. Bien au contraire, il devrait nous porter à la lucidité et renforcer notre vigilance. Car le fascisme d’aujourd’hui a revêtu de nouveaux habits, il a pris un nouveau visage. Il est cet Islam radical, cette barbarie meurtrière pour les siens comme pour les Chrétiens d’Orient et du Nigéria. Il inspire les attentats antisémites en France, il est cette offensive islamiste en Occident, il est cette menace que le pseudo-Etat islamique au Levant fait peser sur Israël et tout le Proche-Orient.

Dans sa version chiite iranienne, il est cette volonté inébranlable des mollahs de maîtriser le feu nucléaire en vue d’un nouvel holocauste. Allons- nous y opposer autre chose que de la lâcheté ?

Le danger est là, et non dans les manifestations pacifiques où les Allemands s’inquiètent de l’islamisation de leur pays et de la montée en puissance des djihadistes.

052Voilà ce que nous dit la plainte de Gurs : ne nous contentons pas de porter le deuil de nos morts, sachons empêcher d’autre Gurs, d’autres fosses communes où sont jetés les adversaires des fanatiques islamistes.

Les stèles de Gurs nous mettent en garde : encore faut-il voir ce qui se passe sous nos yeux et nous laisse indifférents, encore faut-il entendre le cri des Coptes et des martyrs d’Orient.

Elles sont les vigies devant la nuit qui s’avance.

Voilà le lien tissé entre les linceuls d’hier et les vivants d’aujourd’hui.

 

Jean-François AMBLARD                                    pour FRANCE ISRAËL PAU

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