Goys in Eretz, cinquième jour
« Le desert et la terre aride se rejouiront ; le lieu sterile sera dans l’allegresse, et fleurira comme la rose ; Il fleurira abondamment, et il sera dans l’allegresse, oui, dans l’allegresse, et il exultera. »
Esaïe 35
Quoi de mieux qu’un dimanche pour aller constater la stupéfiante réalisation d’une prophétie biblique ? Cette dernière journée de visite est consacrée aux réalisations du KKL (Fonds National Juif) qui depuis 1901 s’attelle d’arrache-pied à l’accomplissement de cette prophétie. Eh oui, personne n’a jamais précisé que les prophéties seraient miraculeuses et le KKL est visiblement l’un des principaux bras jardinier de cette prophétie qui aurait paru impossible il y a encore quelques décennies.
Précisons (encore) qu’il n’y a pas de prosélytisme dans nos propos. Chacun fait ce qu’il veut et pense ce qu’il veut. Nous notons simplement qu’entre le verset d’Esaïe 35 et les réalisations agricoles israéliennes depuis un siècle, la coïncidence est au minimum troublante.
Pour les frapadingues du décodage de prophéties et de textes religieux, il existe un élément incontournable dans lequel réside toute la difficulté de l’exercice : la clé qui permet la réalisation ou la compréhension du texte. Ce qui semble évident dans ce verset d’Esaïe 35, mais encore fallait-il y penser, c’est la question problématique de l’eau. La clé d’un désert qui refleuri, c’est l’irrigation.
Nous sommes donc allés au sud de Tel Aviv visiter l’usine de désalinisation Sorek qui pompe de l’eau de mer et la traite jusqu’à la rendre potable. Ronen, le PDG, nous accueille à la mode israélienne, en jean et basket et nous explique, diaporama à l’appui, le problème de l’eau en Israël. Un peu technique mais passionnant. Nous apprenons, chose importante, qu’Israël a déjà les capacités pour être autonome en eau simplement avec la désalinisation d’eau de mer. L’assèchement de toute autre source d’eau ne poserait pas de problème et nous comprenons également qu’Israël n’a donc pas besoin de priver d’eau qui que ce soit !
Techniquement, le procédé de désalinisation est ce qu’il appelle « l’osmose inversée » et ne nous demandez pas d’expliquer ! L’eau de mer est compressée dans des filtres ingénieux qui recueillent le sel et ne laissent passer que l’eau. A la fin du procédé, cependant, l’eau obtenue étant quasiment du H20 pur, il est nécessaire de la reminéraliser. Après la visite de Jérusalem, on a un peu de mal à se replonger dans des aspects aussi pragmatiques mais l’intérêt de la visite prend rapidement le dessus. Les efforts israéliens pour la sauvegarde de l’environnement dans cette installation industrielle sont remarquables. Ronen explique que les canalisations de presque 4 mètres de diamètre nécessaires au pompage d’eau de mer ont été « poussées » sous terre sur 4 à 5 km pour éviter d’avoir à creuser le littoral où des espèces vivantes ont leur habitat naturel, notamment des petites tortues. Le pompage, en outre, se fait par un procédé de vases communicants qui ne nécessite aucune énergie ; l’usine construit actuellement une centrale électrique au gaz naturel pour être autonome en énergie. On le comprendra vite durant cette journée, le grand jeu de l’agroalimentaire israélien est de faire le maximum de rendement avec le minimum d’énergie et de besoins. Et nous parlons de « jeu » parce que, de façon très visible, le défi les passionne !
Dans le même ordre d’idée, nous partons ensuite aux portes du Negev, à 7km de Beer Sheva pour visiter les bassins de traitement des eaux usées. Nous y apprenons qu’Israël est le numéro 1 mondial du traitement des eaux usées avec un taux de 80% d’eaux retraitées contre 50% pour le deuxième, l’Espagne. Ces eaux usées sont traitées biologiquement jusqu’à être à nouveau théoriquement potables mais sont consacrées à l’agriculture. Voilà la clé du refleurissement du désert. 80% de l’eau consommée par les Israéliens est recyclée en agriculture et les résultats sont stupéfiants. Nous visitons des champs de pommes grenades dans le Negev à un endroit où le propriétaire de l’exploitation nous indique qu’il n’y avait rien ici il y a dix ans et que, depuis 10 ans, ils ont gagné 20 km de terre agricoles sur le désert. Et sous nos yeux ébahis, sous un soleil très chaud, le désert et la terre aride se réjouissent et les champs fertiles occupent le sud de la Judée et les contreforts du Negev. Evidemment, tout ceci nécessite des investissements, des infrastructures et des installations. C’est là ou le KKL intervient.
Outre sa mission de plantation d’arbres (250 000 000 en 67 ans), le KKL finance de nombreuses installations d’aide à l’agriculture. Dommage pour les complotistes qui pensent que l’argent juif ne sert qu’à acheter des influences occultes ou des armes contre les Palestiniens ! Le Keren Kayemeth Leisrael n’est pas un complot juif mondial contre le reste du monde mais bien une ONG environnementale et écologique et cela fait un bien fou de constater qu’on peut être concerné par l’environnement sans se laisser pousser des dreadlocks ou se farcir les discours de Cécile Duflot ! Voire même, on comprend vite que la véritable écologie est celle justement pratiquée en Israël, une écologie où l’on comprend que préserver efficacement l’environnement est un investissement à long terme pour une productivité durable. A la façon du KKL et des agriculteurs israéliens, on veut bien se dire écolos !
Surtout lorsqu’on se rend à 650m de la bande de Gaza et à 6 km de la frontière égyptienne, au Centre de Recherche et de Développement du Negev. Face à la Bande de Gaza, on aurait pu penser que l’on allait trouver des bases militaires ultra-modernes, des centres d’entrainement au génocide d’enfants, des simulateurs d’apartheid et des garnisons de soudards sanguinaires et surarmés en train de psalmodier leur extrémisme pour préparer leur prochain raid de loisir à Gaza ! Las, on a à peine aperçu un petit camp militaire avec des soldats aussi jeunes que tout ceux que l’on a vus auparavant, perdu dans des centaines d’hectares de champs agricoles et de désert, avant d’arriver à ce centre de R&D agricole où nous attendaient les caisses de munitions locales : des barquettes de tomates-cerises ! La personne qui nous accueille nous emmène ensuite dans plusieurs serres où elle nous montre les travaux de ce centre.
Le plus passionnant, ce sont les recherches sur les fraises ! Nous entrons dans une serre où les fraises poussent dans des gouttières placées à 1m70 du sol, dans d’étranges sacs plastiques qui contiennent en fait un terreau végétal à base de fibres de noix de coco. L’objectif de ces études est de déterminer quelles sont les meilleures conditions pour cultiver les fraises mais aussi pour les ramasser. Les positionner à cette hauteur permet d’éviter qu’elles ne traînent dans la terre et aussi de les cueillir sans fatigue dorsale pour les récoltants ! Et comme nous sommes en plein désert, le niveau minimum d’irrigation est également étudié afin de déterminer les besoins exacts en eau et ainsi gérer au mieux la ressource.
Yossi, l’ingénieur agronome du KKL qui nous guide – le KKL finançant plusieurs domaines de recherches du centre et participant aux infrastructures – nous explique que la clé du fonctionnement, c’est une organisation judicieuse de partenariat entre gouvernement, ONG et secteur privé pour que tout le monde soit gagnant. Ils espèrent beaucoup, dit-il, que leurs recherches bénéficieront au monde entier et qu’ils partagent gratuitement leur savoir avec quiconque en fait la demande. L’une des missions du centre est justement l’enseignement, y compris des Palestiniens, pour vaincre collectivement le désert.
Nous ressentons, dans les propos de Yossi, la même étrange tristesse que celle de Ronen, patron de Sorek, que Pug avait interrogé concernant les accusations des Palestiniens sur l’eau. Il avait répondu que sa société fournissait de l’eau désalinisée à l’Autorité Palestinienne mais sa voix s’est adoucie et son regard s’est attristé en nous disant que, dans son opinion personnelle, chacun devait faire des efforts et qu’il était inquiet pour l’avenir de ses enfants autant que pour celui des enfants palestiniens.
Yossi, l’ingénieur du KKL, a la même attitude lorsqu’il me dit qu’ils ne souhaitent que travailler avec les Palestiniens.
Mais là, je me rappelle alors les propos de l’un des contremaîtres du champ de pommes-grenades. A l’un de mes camarades de visite qui s’étonnait que les ouvriers soit thaïlandais et que l’on ne fasse pas travailler de Palestiniens, le contremaitre a répondu qu’il ne demandait qu’à les faire travailler mais que le Hamas interdisait formellement aux Gazaouis d’aller travailler en Israël.
La voilà la haine, la véritable haine en action. Celle qui oblige des fermiers à installer des abris anti-aériens dans leurs exploitations et celle qui empêche de travailler ensemble par idéologie meurtrière.
Et pourtant, cette haine n’est qu’un échec. Qu’elle le veuille ou non, le désert refleurit grâce à l’amour des Israéliens pour leur terre. Oui, l’amour l’emporte sur la haine. C’est notamment grâce à l’amour des membres du KKL pour la terre d’Israël que celle-ci, depuis plus d’un siècle, redevient le pays de lait et de miel que Josué et Caleb ont visité.
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Pug & Jeep
Le site internet du KKL de France pour suivre les réalisations et participer par vos dons: http://www.kkl.fr/