Vive la solution à deux états!
Conversation écrite, par la messagerie de la page Facebook, entre un opposant à la politique israélienne et Pug.
L’opposant:
« Bonjour j’aurais voulu savoir si votre page est pour ou contre deux États un État israélien et un État palestinien libre et indépendant, ou au contraire un unique État israélien maître de l’entièreté du territoire ? »
Pug:
« Bonjour, merci de votre message.
Notre page n’est pas la vitrine d’une organisation quelconque. Nous n’avons donc pas de ligne directrice à laquelle chacun doit se soumettre. Nous sommes plusieurs auteurs avec des avis parfois différents donc je ne peux vous répondre de manière générale.
Mais étant l’un des auteurs, je peux vous donner mon opinion personnelle: Je suis opposé à la création d’un nouvel Etat palestinien sachant que deux existent déjà: La Jordanie et la Bande de Gaza, qui est indépendante depuis 2005. Créer un troisième Etat palestinien en Judée-Samarie (Cisjordanie pour la plupart) m’apparaît être une très inutile et grossière erreur.
En premier lieu parce que les Etats séparés par un trait sur une carte et non par des frontières naturelles sont condamnés à se combattre. Or, de la Méditerrané au Jourdain, il n’y a aucun obstacle naturel qui pourrait former une frontière. Pour matérialiser ses frontières et les garantir, il faudrait donc entourer ce nouvel Etat de Palestine d’un mur et de barbelés avec checkpoint, ce qui a toujours été une imbécillité. A Jérusalem, cette frontière séparerait à nouveau la ville en deux, comme à Berlin entre 1945 et 1989. Ensuite, l’Autorité Palestinienne n’a pas développé les structures étatiques qui peuvent lui permettre de devenir un Etat à part entière. Les territoires de Judée-Samarie sont totalement dépendants des infrastructures et de l’administration israéliennes. C’était déjà le problème en 1948 et c’est toujours le cas aujourd’hui. L’Autorité Palestinienne a été créée en 1994 pour commencer à gérer des territoires dans le but d’obtenir l’indépendance en 2000 mais c’est un échec. L’Autorité Palestinienne n’est pas une administration forte, autonome et légitime, c’est une marionnette aux mains de l’OLP qui est elle-même aux mains du Fatah. Les élections de 2006 ont montré que l’Autorité Palestinienne d’aujourd’hui ne représente pas les palestiniens mais uniquement le Fatah, un simple parti politique. Et il est hors de question de donner le statut d’Etat à un parti politique qui ne représente pas le peuple dans son entier, si tant est qu’on reconnait l’existence d’un peuple palestinien, ce qui n’est pas mon cas.
Enfin, créer un troisième Etat de Palestine ne serait que reconnaître légitimer l’opposition mortelle des palestiniens à l’existence d’Israël en tant qu’Etat Juif et serait officialiser une remise en cause de son existence même. De plus, l’Etat d’Israël est un Etat de Droit démocratique et le seul dans la région, malgré ses imperfections. 1,5 millions d’Arabes Israéliens y vivent, dont un grand nombre de chrétiens qui sont les seuls chrétiens du Moyen-Orient qui ne sont pas persécutés.
Je pense donc qu’il faut permettre à Israël d’annexer la Judée-Samarie et d’entendre le droit et la gouvernance israélienne à cette région. Pour les palestiniens qui y vivent, je propose deux solutions: soit l’acceptation de la souveraineté et de la citoyenneté israélienne pleine et entière, comme pour les autres minorités qui vivent en Israël, soit le départ volontaire accompagné par un financement international, dans le pays de leur choix.
Mais je rappelle que la position officielle du gouvernement israélien ainsi que de beaucoup d’Israélien reste la solution à deux états. Et je répète que ce n’est ici que mon opinion qui n’engage que moi.
Bien à vous,
Pug »
L’opposant:
« D’accord j’entends votre avis mais trouve ceci assez incroyable pour moi la coexistence de deux états est totalement possible si ces deux états se respectent mutuellement ce qui n’est pas le cas actuellement d’un côté comme de l’autre la colonisation israélienne sur les territoires palestiniens devrait cesser et la minorité palestinienne qui pratique des actes qu’on pourrait qualifier de « terroristes » cesserait à son tour.
Quant au sujet des chrétiens d’Orient Israël est certes un lieu d’accueil et les chrétiens n’y sont sûrement pas persécutés si ils suivent la propagande et le chemin du gouvernement israélien en restant gentiment sans rien dire sur l’apartheid que les palestiniens subissent depuis de nombreuses années. Les gouvernements de certains pays du moyen orient tel que le Liban ou la Syrie ne persécutent pas les chrétiens mais bien au contraire essayent d’apaiser les tensions entre musulmans et chrétiens.
Bonne journée à vous »
Pug:
« Bonsoir,
Hélas l’histoire montre que la coexistence est impossible. Les Arabes ont toujours rejeté l’existence d’un Etat juif et ont rejeté tous les plans de partage ou de paix qui leur ont été présenté, de 1931 à 2000. Donc la première partie de votre propos est déjà irréaliste. Les Juifs ont accepté la partition de la Palestine en 1947 et ont accepté de former leur Etat à côté d’un Etat Arabe. Mais de 1947 à 1988, les Arabes n’ont pas souhaité créer un Etat palestinien à côté d’Israël. En 1988, lorsque la Jordanie a abandonné ses prétentions sur la Judée-Samarie, l’OLP a annoncé la création d’un Etat de Palestine mais de façon unilatérale, sans aucune légalité ni légitimité, ni aucune négociation sur le tracé des frontières.
C’est comme si le FLNC décrétait un Etat de Corse alors qu’ils n’ont aucune légalité, ni légitimité, ni structure, ni rien. Ca n’a aucune valeur.
Pourtant, en 1993, Israël reconnait l’OLP comme représentant des palestiniens et signe les Accords d’Oslo qui créent l’Autorité Palestinienne et lui accordent l’administration de territoires (Zones A et B de la Judée-Samarie). Les Accords d’Oslo prévoyaient que l’Autorité Palestinienne devrait monter en puissance pendant 6 ans et que le statut définitif de la Judée-Samarie serait négocié en 2000. Mais en 2000, l’Autorité Palestinienne a déclenché la deuxième Intifada et les attentats suicides ont commencé. Malgré ça, à deux reprises (Sommet de Camp David II, juillet 2000 et Sommet de Taba, janvier 2001) et alors qu’à Taba, Ehud Barak, premier ministre d’Israël, propose la création d’un Etat Palestinien sur 97% des terres revendiqués par les palestiniens et accepte de partager Jérusalem comme capitale des deux Etats, Yasser Arafat refuse. En 2008, Ehud Olmert propose à Mahmoud Abbas la même chose. Même refus.
La seule conclusion qu’ont peut tirer, c’est que les palestiniens refusent d’avoir un Etat et cherchent toujours des excuses pour ne pas y arriver par la négociation.
Il faut préciser que les territoires de Judée-Samarie ne sont pas palestiniens. D’abord, la notion de « palestinien » en tant que nation est sujette à caution. Même le Hamas, dans sa charte ne fait référence qu’à la nation islamique et pas du tout à une nation palestinienne. Ensuite, ces territoires ont un statut indéfini puisqu’il n’existe aucune souveraineté légale sur ces terres.
En effet, suite au refus du plan de partage de 1947 par les Arabes, ces territoires ont été envahis par une agression extérieure jordanienne et illégalement annexés par le Royaume de Jordanie. Lors de la Guerre des Six-Jours et alors qu’Israël avait expressément demandé à la Jordanie de ne pas entrer dans le conflit, celle-ci bombarde Israël et occupe le quartier général des Nations Unies. Israël riposte à l’agression et repousse l’armée jordanienne jusqu’au Jourdain. Les territoires sont en fait libérés par Israël d’une annexion illégale jordanienne et Israël ne les annexe pas, respectant leur statut indéfini. Israël occupe donc légalement ces territoires, puisqu’ils ont été conquis en riposte à une agression et attend le règlement de la situation par des voies diplomatiques qui ne viendront jamais.
Par comparaison, en 1967 également, Israël occupe le Sinaï égyptien suite à l’agression égyptienne et négocie avec l’Egypte la restitution du Sinaï qui sera complète en 1979 et débouchera sur un Traité de Paix avec Israël.
La Jordanie ne négocie pas avec Israël et, en 1988, renonce unilatéralement à la Cisjordanie (Judée-Samarie), ce qui aggrave encore plus la situation puisque Israël n’a plus d’interlocuteur pour négocier le statut des territoires. En 1993, Israël reconnait en l’OLP cet interlocuteur mais, comme je vous l’ai montré, ce dernier refuse tout accord.
Tant qu’une solution politique négociée n’est pas trouvée, ces territoires restent officiellement des « territoires disputés » et ne sont pas du tout des « territoires palestiniens ». D’ailleurs, on peut se demander pourquoi la Jordanie n’a pas créé un Etat Palestinien en Cisjordanie entre 1948 et 1967 et on peut se demander pourquoi l’OLP¨ne revendique un Etat Palestinien qu’à partir de 1988, date du retrait de la revendication jordanienne sur ces territoires. Visiblement, les palestiniens acceptaient très bien d’être occupés illégalement par la Jordanie, même après Septembre Noir ou les palestiniens de Jordanie sont massacrés et l’OLP expulsée.
Sur le fait que le terrorisme cesserait si les israéliens arrêtaient la colonisation, les faits vous donnent tort. En 2005, les israéliens ont évacué l’ensemble des juifs vivant dans la Bande de Gaza. En 2006, le Hamas a gagné les élections et depuis l’évacuation, ce sont près de 20 000 roquettes et obus de mortiers qui ont été tirés sur Israël depuis la Bande de Gaza qui n’est pourtant plus colonisée par Israël. Les faits sont très clairs: ils indiquent que chaque main tendue par Israël aux palestiniens finit en catastrophe pour Israël.
Il est donc même criminel de demander aux Israéliens de continuer à faire des efforts.
Vous noterez que je parle aussi de « colonisation » israélienne pour faciliter le débat mais en réalité, je récuse le côté péjoratif de ce terme, auquel je préfère celui d’implantation. Les israéliens, par ces implantations, font ce qu’ils ont fait dès le début du sionisme: créer des villes et villages, créer des infrastructures, apporter des capitaux et des savoir-faire, bref créer un développement économique et social dans des lieux largement désertiques et sous-peuplés.
Certains disent que ces implantations rendent impossible un Etat palestinien mais cela revient à dire que les villages arabes en Israël empêchent Israël d’exister, ce qui est bien sûr comique. En fait, elles gênent un Etat palestinien parce que l’Autorité Palestinienne veut un territoire sans juifs. Et bientôt également sans chrétiens. En effet, l’expérience de Gaza montre que le retrait israélien a permis la prise de pouvoir du Hamas qui s’est aussitôt mis à persécuter les chrétiens qui étaient 4500 en 2006 et qui sont autour de 1400 dix ans après.
Au final, comme je vous l’ai dit, je suis en faveur d’une annexion israélienne de la Judée-Samarie parce que, depuis 1967, Israël n’a aucun interlocuteur pour négocier et conclure un traité sur le statut de ces territoires et que ses tentatives, entre 1993 et aujourd’hui, pour responsabiliser les palestiniens au travers de l’Autorité Palestinienne, pour garantir une intégrité territoriale (évacuation de Gaza de 2005) et pour négocier avec les représentants des palestiniens le statut de ces territoires ne n’est soldé que par davantage de haine, de violence et de radicalisation antisémite de la part des palestiniens.
La création d’un Etat palestinien après cette expérience ne serait que la récompense de la haine, de la violence terroriste, de la radicalisation islamiste et de l’intransigeance des palestiniens, ce qui les encouragerait à continuer à harceler et à combattre Israël pour récupérer l’ensemble de l’ancienne Palestine.
J’espère avoir répondu de façon satisfaisante à vos questions et remarques.
Cordialement,
Pug »
A suivre…